Paroisse de Disraeli abrite un lac d’une qualité remarquable, un joyau qu’il faut protéger, le lac de l’Est. En effet, il s’agit d’un lac de tête, un plan d’eau situé en haut de son bassin versant, alimenté uniquement par les eaux de ruissellement et de nombreuses sources. Aucune rivière ne vient y déverser son torrent de sédiments : l’eau y est claire, limpide, froide, exceptionnelle.
Accessible et développé depuis les années cinquante, il compte aujourd’hui, sur tout son pourtour, de nombreux chalets et une soixantaine de résidents permanents ; le développement en deuxième rangée est déjà amorcé, les villégiateurs se multiplient, ce qui accroît la pression sur la qualité de l’eau du lac.
Problématique
Même si le lac de l’Est semble en bon état, il montre des signes de détérioration inquiétants : les assauts viennent de toutes parts. Tout d’abord, l’envasement de certains secteurs, à la suite des coupes forestières, est préoccupant ; ensuite, les cyanobactéries, ces algues bleu-vert si répandues au Québec, ont été présentes dans le passé : une surveillance étroite s’impose pour qu’elles ne fassent pas un retour ; puis, le si redouté myriophylle à épis, apparu il y a une dizaine d’années, assaille et envahit toujours plus les rives du lac — d’ailleurs, à ce sujet, sous l’égide de Paroisse de Disraeli, des actions concrètes d’interventions physiques dans le lac sont à venir en 2022 — ; enfin, et non le moindre, la multiplication des bateaux dotés de puissants moteurs pose de réels défis : ils génèrent de fortes vagues qui grugent les rives et perturbent ces fragiles écosystèmes, brassent les sédiments, le phosphore et l’azote dans les zones moins profondes et les remettent en suspension dans l’eau, et créent une pollution sonore perturbante.
Le contrôle de l’accès au lac et le lavage des embarcations avant leur mise à l’eau deviennent des priorités si l’on veut stopper la propagation d’espèces envahissantes. Les gens du lac de l’Est ont compris le danger et déjà dressé deux plans d’action. Monsieur André Grenier, vice-président de l’Association sportive et de bienveillance du lac de l’Est (ASBLE) et responsable du comité Environnement, nous en explique les raisons : « Les lacs sont une richesse à léguer à nos enfants et petits-enfants. Face à toutes ces menaces qui prennent de l’ampleur, il faut agir et agir urgemment, mais de façon éclairée. Pour cela, il nous faut obtenir des analyses d’experts crédibles et établir des plans d’action. En se servant des faits établis et fondés sur la science, nous pourrons aller de l’avant avec les autorisations et permis requis, en plus des subventions nécessaires au financement ».
Plans d’action
À l’aide des fonds de l’ASBLE, des appuis et subventions de la MRC des Appalaches, de Paroisse de Disraeli et de l’institution financière Desjardins Carrefour des lacs, le comité d’Environnement du lac de l’Est a donc élaboré deux plans d’action séparés, dont il assume la responsabilité et la coordination.
Le plan 1 vise « [l]a capacité portante en embarcations motorisées du lac de l’Est ». Il s’agira ici de comprendre les impacts réels de ces embarcations sur les écosystèmes et de voir comment assurer la sécurité nautique. Au coût de 5 352,94 $, cette étude se terminera le 15 décembre 2021. De son côté, le plan 2, « Plan directeur du bassin versant du lac de l’Est », cherchera à établir le portrait global de la situation du bassin versant. Ce diagnostic permettra de créer une table de concertation de tous les acteurs concernés par les recommandations du Plan directeur : ce sera un document de référence pour les décideurs. Au coût de 13 014,25 $, cette activité se terminera le 31 mars 2022.
La réalisation de ces deux plans d’action n’est qu’un début pour contrer efficacement l’eutrophisation* accélérée du lac de l’Est. Les riverains doivent agir ensemble pour préserver le lac, ce joyau irremplaçable de la région. L’environnement n’est-il pas l’affaire de tous ?
*Eutrophisation : accumulation, à température élevée, de débris organiques putrescibles dans les eaux stagnantes, provoquant la désoxygénation des eaux profondes. Le Grand Robert
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