Chronique de vie : nos vies, nos histoires
Titre : Rêver (Développer notre imaginaire)
Par : Danielle Perrault
Tous les êtres humains rêvent. Il est maintenant documenté que toutes les nuits nous créons un long ou plusieurs courts métrages d’une durée approximative de cent quatre-vingts minutes. Nous en sommes à la fois les concepteurs, les auteurs et les réalisateurs. La plupart des gens n’en gardent que des bribes. En revanche, on se souvient clairement des cauchemars qui nous laissent un arrière-goût de peur et de méfiance. Comment peut-on vivre pleinement sans considérer ce qui se passe au cours de la moitié, voire du tiers de nos vies que nous passons endormis? Cela me dépasse que cette considération relève toujours du domaine ésotérique, psychologique ou du domaine scientifique. Cela devrait faire partie de notre conscience.
Ce sont des histoires formidables. Elles parlent de nous, elles nous expliquent notre quotidien. Nous nous promenons hors de notre corps pendant que celui-ci se repose. Cependant, on reste sceptique, on veut une explication rationnelle. Mais aucun rêve n’est logique. Le rêve puise dans notre histoire des images qu’il a enregistrées et nous les retransmet dans un récit rempli d’émotions de toutes sortes; celles-ci nous renseignent sur notre état, nos buts, nos aspirations, nos blocages. On ignore cela. Et personne ne nous l’apprend. On se méfie des interprétations que l’on pourrait faire de nos propres histoires.
Et si, tout simplement, on proposait à nos enfants de nous raconter leurs rêves comme ils nous parlent de leur journée? Il ne s’agit pas de les analyser ni de les passer au crible de notre mental dans le but de les interpréter. Les enfants en déduiraient tout naturellement qu’on s’intéresse à tous les aspects de leur vie. Par conséquent, ils ne nieraient pas ces aspects oniriques. Ils deviendraient curieux de leur histoire et voudraient la comprendre. Ils parviendraient à décoder leur propre symbolique juste parce que c’est permis et naturel. Dès qu’on tourne et qu’on nourrit la terre, ça se met à pousser, la nature est ainsi.
Un jour, je reçois un homme qui avait subi un accident de travail. Son bras était resté coincé dans un appareil qu’il m’a décrit comme étant une vis sans fin. Le temps que ses collègues stoppent la machine, son bras avait été broyé. Un matin, il me raconte le rêve étrange qu’il venait de faire. Il avait affronté un ours qui lui avait mangé le bras. Il se jugeait complètement fou. Il me disait que son accident était en train de lui faire perdre la raison. Cet homme était un chasseur et un pêcheur. Il n’avait que reproduit à son échelle l’accident dont il avait été victime pour lui donner un sens. Il était très loin de la déraison. Alors au lieu de rester troublé, il se trouva ingénieux. Comme quoi… nos rêves sont des sources d’enseignements.
Notre imaginaire est infini. Apprendre à s’en servir plutôt que de le craindre ferait de nous des êtres beaucoup plus éclairés. Se rappeler nos rêves constitue la première étape de l’utilisation de cette imagination. À l’époque de l’enfance, le cerveau est une véritable éponge; c’est le temps idéal pour initier ce qui, à l’usage, deviendrait rapidement un réflexe. Cette pratique nous enseignerait à respecter et à vouloir découvrir cette facette trop peu explorée de notre psychisme. Le fait de nous y intéresser éveillerait notre curiosité.
Danielle Perrault est psychologue et autrice de plusieurs contes thérapeutiques, des livres « Guérir de son histoire » et « Une histoire, ça se guérit » et de 10 balados sur la santé mentale « À l’écoute de soi » accessibles sur le net.
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