Josée Lapointe perd sa deuxième famille

Par Sylvie Veilleux

Disraeli est en deuil, à la suite de la fermeture de Setlakwe Mode qui avait pignon sur rue depuis 1958. Dimanche 27 avril à 17 h, Josée Lapointe et son équipe terminaient leur dernier quart de travail dans ce magasin qui a habillé des clientes de génération en génération.

Les larmes aux yeux, Mme Lapointe à l’emploi de Setlakwe depuis 32 ans, nous a confié : « J’y ai investi toute ma vie. Lorsque mes filles étaient petites et qu’elles étaient malades, j’avais un petit lit dans mon bureau, pour elles. Adolescentes, elles ont participé aux défilés de mode que j’organisais à Disraeli. Plus tard, elles nous ont aidées lors des ventes trottoir. Je pensais prendre ma retraite chez Setklawe et non, vivre sa fermeture. »

C’est une femme occupée et bouleversée que j’ai rencontrée à Disraeli, trois jours avant la fermeture. Une employée dévouée, qui n’a jamais compté ses heures pour satisfaire ses patrons, les clientes puis les clients, à compter de 2015. Devenue gérante en mars 1993, elle agissait comme superviseure de cinq magasins et boutiques Silhouette et Setlakwe, depuis 2008. Trente-cinq personnes relevaient de madame Lapointe.

« Au fil des ans, j’ai su m’entourer de femmes merveilleuses, dont ma sœur Annie, revenue l’an dernier occuper le poste de gérante à Disraeli », a-t-elle ajouté.

Ensemble, elles ont créé les capsules vidéo Josée et Annie pour présenter les nouveautés saisonnières sur la page Facebook de Setlakwe Mode. Elle souligne la collaboration indéfectible de Mme Sylvie, assistante-gérante, son pilier qui l’aura soutenue jusqu’à la fermeture. La gorge nouée, elle se dit très triste de perdre toutes ses collègues de travail.

Madame Lapointe et son équipe ont travaillé fort au cours des années à faire augmenter les ventes à Disraeli et à attirer une clientèle plus jeune. La possibilité pour les femmes de s’habiller de la tête aux pieds, et de payer sur un seul plancher, a fait la renommée de Disraeli. Son souci de mettre en valeur les femmes, afin qu’elles se sentent belles, a certainement contribué à les fidéliser. Rien d’étonnant à ce que Josée Lapointe ait été proclamée Employée de l’année en 2023 au gala Aquarides, de la Chambre de commerce de la région de Disraeli. Encore moins surprenant qu’en cette période de fermeture, des clientes et clients témoignent de leur gratitude en offrant, à Mme Lapointe et son équipe, des fleurs, du chocolat et des câlins. « C’est moins le cas, ailleurs. Je remercie sincèrement la clientèle de Disraeli », a tenu à commenter Mme Lapointe.

Elle a beaucoup appris avec la famille Setlakwe. « Les cinq générations ont été des mentors pour moi. J’étais appréciée et l’on me faisait confiance. La collaboration de M. Michel Corriveau m’a été très précieuse. J’ai promis à Margot, la présidente de l’entreprise Setllakwe depuis cinq ans, de la supporter jusqu’à la fin. »

Le 15 juin prochain sonnera la fin des Setlakwe Mode de Disraeli, Sainte-Marie et Thetford-Mines, de même que des boutiques Silhouette Lingerie de Victoriaville, Saint-Georges et des Galeries de la Capitale à Québec. Au total, 125 emplois disparaîtront.

« Je vais prendre l’été pour laisser mon cœur se remettre de ces deuils immenses », a-t-elle admis. Quant à la suite, cette jeune quinquagénaire est ouverte aux propositions et aux changements.