Fragile le soleil
Par Daniel St-Laurent
Les chevaux de bois font le tour du grand manège. Les enfants sont contents de tourner en rond autour de la terre. Les plus grands aiment bien les voir rire, ça rassure et bon sang qu’on en a besoin. Un rire, en dit long. C’est comme une étoile qu’on a envie de suivre. Il y a un banc de neige devant la vitrine. Tout le monde marche, la tête par en avant. Il y a du silence dans le manteau qu’on promène. Le soleil se fait attendre et la lune, parlons-en de la lune, elle joue à cache-cache derrière le gros nuage qui passe devant. À la télé, les nouvelles sont pénibles. Graves. Le gros monsieur des états joue avec la guerre, joue avec nos vies et ça fait dur. On se rend compte qu’il y en a des plusieurs comme lui. Des insensés qui ont dans leurs mains notre ligne de vie. La vie a beau être ce qu’elle est; maintenant c’est plus difficile. Fragile comme une boule de Noël qu’on échappe, qui se brise en touchant le sol.
Je suis désolé de l’écrire et même d’y penser, mais je ne crois plus que sur la terre, les humains en feront un paradis. Il y a trop de trop. Tu veux ceci, l’autre veut cela et ça finit par s’embrouiller. Quand le chant d’amour est partagé, le moment est magnifique. Nous ressentons ce besoin de nous unir, d’être ensemble, pour que ce moment devienne le plus grand moment du monde. Et tout à coup de l’autre côté de la chanson, un mur beaucoup trop lourd, nous échappe. Le terrain de jeux devient le paradis perdu. Il faut reconquérir le rêve de jour en jour. Et tout recommencer. Une pierre à la fois.
Les humains sont des bibittes bizarres remplies de génies, de maladresses, de folies, de blessures. Les humains sont capables de grande beauté, d’intelligence, de reconnaissance et bang, ça en prend un pas d’étoiles, pour semer du malaise un peu partout où il a fait bon. Nous marchons sur un trottoir rempli de neige. De l’autre côté du monde, c’est une route de boue pour rouler dans le roulant des choses. Il n’y a pas d’équilibre, c’est du chacun pour soi. La différence c’est la guerre. Cette guerre qu’on tient dans les mains, la porte fermée dans son salon. Le roi se croit roi pour longtemps, pourtant s’il ne le sait pas, il va mourir comme tout ce qui est vivant partout dans l’univers. Triste flocon de vie. Heureux flocon d’amour. C’est une roue qui tourne, maladroite.
Vu de notre planète, tout est toujours à recommencer. Les humains ne sont que des humains avec leurs forces et leurs faiblesses. Le monde ne guérit jamais… Des dictateurs intransigeants osent manipuler pour diriger ce monde, des religieux obtus exigent pour tout un peuple comment être, vivre, s’habiller sinon c’est la peine de mort. Des désaxés qui exercent leur pouvoir sur les femmes, les enfants et les plus vulnérables. Tout est piégé. On a beau chanter *Love, love, love*. Il y aura toujours des plus malades pour foutre le bordel partout où ils passent. Nous ne sommes pas sortis du bois. Alors pour faire bon, pour garder l’équilibre, on prend une grande respiration, on regarde dehors, c’est joli dehors, on prend une grande marche pour regarder le silence entrer en nous et le soleil nous donner du bonheur. L’infini monde ne finira jamais de nous enchanter et malheureusement, de nous désoler. Le manège tourne et se retourne dans tous les sens. Protégeons les rires de l’enfance.
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