Après des mois de silence à cause de la pandémie, le Cinéma du lac nous reviendra dès le 18 octobre avec un film bouleversant, d’une grande beauté, Le chant des noms, du cinéaste québécois François Girard. Basé sur le roman du critique musical britannique Norman Lebrecht, le film raconte l’amitié entre deux jeunes garçons musiciens, Martin et Dovidl.
Devant l’imminence de la guerre, la famille d’un jeune juif polonais, prodige du violon, Dovidl, confie son fils à une famille de musiciens britanniques, la famille de Martin. Une amitié difficile, empreinte de rivalité se développera entre les deux garçons. Peu de temps après, la famille de Dovidl est déportée au camp de Treblinka, mais celui-ci n’en saura rien. Les années passent et le jeune musicien ne cesse de rechercher ce qu’est devenue sa famille. Le soir même où le talent exceptionnel de Dovidl doit être révélé au monde, sur le chemin de la salle de concert, il rencontre un homme qui peut l’aider dans la recherche de ses parents. Il le conduit à la synagogue où le rabbin entonne, a cappella, un chant triste, une longue incantation évoquant le nom des victimes de l’Holocauste, immortalisant la mémoire des disparus. C’est le chant des noms, ce chant qui bouleversera Dovidl et changera sa vie à jamais. Cette longue plainte évocatrice de douleur nommera les noms des membres de sa famille, lui révélant ainsi qu’il ne les reverra jamais. C’est un long phrasé musical dégageant une tristesse infinie qui nous traverse le cœur et l’âme tellement il est poignant, il vous marque à jamais. La vie de Dovidl ne sera plus jamais la même. Lui, qui avait tourné le dos à ses croyances religieuses, est terrassé et il disparaît sans explication, abandonnant le concert prévu.
Trente-cinq ans sont passés, et Martin, interprété par Tim Roth, qui cherche son ami depuis des années, décide de partir activement à la recherche de Dovidl, personnifié par Clive Owen. Le déclencheur de cette quête, c’est l’audition d’un jeune musicien qui, avant d’attaquer sa pièce, refait exactement le même rituel que Dovidl faisait à l’époque. Il finira par le retrouver, mais la vie a changé les deux amis. Les pertes qu’a subies Dovidl l’ont marqué profondément : c’est un homme triste, austère, qui se consacre à sa famille dans la tradition juive. Refusant d’abord de tenir un concert, il honorera sa parole passée et donnera un ultime concert en signe d’adieu à son ami Martin, qui réalisera à quel point a souffert ce dernier.
Tout au long du récit, la musique, véritable langage, permet des allers-retours dans le temps, créant ainsi des effets dramatiques soutenus. Au-delà des mots, la musique habille et habite le film. Le chant des noms est un film poignant avec, en toile de fond, invisible, subtil, l’Holocauste, et tout ce que cette période a de troublant. C’est un film à voir, à entendre, à ressentir.
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