Le mariage Une femme d’avant-garde s’exprime à ce sujet

Le mariage

Une femme d’avant-garde s’exprime à ce sujet

Par Danielle Perreault

Ma mère, qui aurait 100 ans, me dit un jour : « Les religions et la loi se sont trompées. Elles ont très mal géré ça ».

Je lui demande de quoi elle parle.Elle me répond : « Le mariage ».

« Ils auraient dû bénir des unions beaucoup plus courtes », me dit-elle, « en nous laissant l’opportunité de renouveler notre contrat ».

« Deux personnes se rencontrent, elles s’aiment. Elles deviennent un couple et décident de partager leurs vies. Décide-t-on d’habiter le même logement toute notre existence? Bien sûr que non »,continua-t-elle. « Nos besoins changent tout le temps, ils évoluent.On devrait agir comme on le fait avec un loyer ou encore avec une hypothèque.

« On paye notre loyer tous les mois et, l’année suivante, on décide si on renouvelle notre bail. C’est logique. Cela nous permet de faire un bilan : coûts/bénéfices. L’appartement répond-t-il à nos besoins? L’isolation est-elle adéquate? Qu’est-ce qui nous plaît assez pour rester une autre année, ou pourquoi prend-t-on la décision de partir ?

« Même chose pour une hypothèque. Quand elle arrive à échéance, on prend le temps de se renseigner sur les taux en vigueur quelques mois d’avance pour arriver bien préparés à une probable négociation.

« Cela devrait être la même chose pour les couples sur le plan émotionnel. Je suis certaine qu’ils pourraient durer plus longtemps et de façon plus harmonieuse.

« Se connaître, s’apprécier, s’aimer et nous permettre de satisfaire nos besoins de façon respectueuse, au lieu de devoir s’adapter à l’autre de peur de le perdre ou à cause d’un contrat qu’on a signé et qui nous lie sous peine d’en payer le prix ? Ça c’est de l’inconscience », me dit-elle.

« C’est très loin de l’amour et plus près de l’esclavage. Endurer, subir c’est s’éloigner, c’est laisser la peur gagner. Votre partenaire est-il jaloux, possessif, généreux, ouvert, accueillant, vous satisfait-il au lit, dans les tâches ménagères, y a-t-il un partage équilibré entre vous sur tous les plans qui vous importent ? Pour résumer, vous apporte-t-il quelque chose, vous permet-il d’évoluer, de grandir, vous sentez-vous aimé, supporté ? De quoi auriez-vous besoin ? Si une maison n’est pas assez isolée, on peut décider d’y remédier. Cette décision devient alors un projet de couple. Elle peut servir à ressouder des liens.

« Dans le cas contraire, une séparation serait tout indiquée et beaucoup moins douloureuse, chacun restant responsable de lui-même au lieu d’être garant de « l’entité » couple.

« On pourrait commencer par établir des contrats de deux ans », me dit-elle, « le temps d’apprendre à se connaître et à s’adapter. Dans le cas où on sait qu’on veut faire des enfants, signer un contrat de cinq ans, le temps d’acheter une maison et de fonder une famille m’apparaît plus souhaitable. Partir une famille, ça demande du temps et de la sécurité.

« Unir l’émotionnel et le rationnel. Si c’était permis et décrété à travers une institution civile ou religieuse, on se poserait enfin les bonnes questions, ce serait permis. Il me semble que tant de chicanes et de drames seraient évités.Chacun tissant des liens sains parce qu’agir ainsi, c’est rester éveillé et responsable denous-même, cela nous permet d’évoluer.

« Avant de renouveler votre union, qu’elle soit bénie, légale ou libre, faites le point à chaque année. Établissez vos besoins et n’hésitez pas à les partager. Vous en profiterez sans ressentir les émotions toxiques qui accompagnent les inévitables frustrations des non-dits. Nos besoins sont légitimes. À nous d’en être responsables.

« Choisir de s’unir ainsi permet de rester libre d’être fidèle à soi-même. Le couple prendrait enfin tout son sens en nous apprenant à communiquer », conclut-elle.

Ma mère était une véritable visionnaire. N’hésitez pas à partager sa si merveilleuse idée !

 

Note : Danielle Perreault a écrit plusieurs contes thérapeutiques, des livres, « Guérir de son histoire », « Une histoire, ça se guérit » de même qu’une dizaine de balados sur la santé mentale « À l’écoute de soi »  accessibles sur Internet