Changement de nom Municipalité de la Paroisse de Disraeli: Les fossoyeurs de notre identité

Les élus de la Municipalité de la Paroisse de Disraeli ont récemment adopté une résolution afin de changer de nom pour celui de “Bellerive”. Il ne s’agit pas d’un geste anodin, sans conséquence, mais d’une résolution qui touche l’âme de notre municipalité et qui vise à tuer notre identité. Voilà le fruit de tractations et de manigances obscures qui se sont déroulées, au fil des mois, en catimini. Une opération savamment planifiée dans la clandestinité. Nos élus se sont comportés comme une bande de pleutres n’ayant pas le courage nécessaire pour agir à visière levée. Dans une démocratie, nous sommes en droit de nous attendre à plus de transparence.

Dans leur moment d’égarement, nos élus ont semblé oublier une notion fondamentale: l’attachement que voue la population au nom “Disraeli”. Ce nom réfère, en effet, à un personnage politique engagé qui fit la gloire de son pays. Benjamin Disraeli, comte de Beaconsfield, homme politique et écrivain britannique fut premier ministre en 1868 et de 1874 à 1880; il réalisa plusieurs réformes sociales durant son mandat. Ce nom nous lie et nous rattache à un personnage qui a une portée historique importante. Il n’est donc pas sorti, par hasard, d’une boîte de “Cracker Jack”.

Il semblerait que nos élus se soient d’abord adressés à la Commission de toponymie, dans l’ombre, pour faire entériner la nouvelle appellation de la municipalité et ce, sans consulter la population. Pourquoi n’a-t-on pas consulté les citoyens avant d’acheminer la résolution à la Commission de toponymie ? Voilà la véritable question! Avant d’acheminer la résolution à la Commission de toponymie, si nos élus avaient voulu être transparents, ils auraient d’abord informé la population de leur intention, ce qui aurait pu être fait via une note accompagnant notre compte de taxes, afin de rejoindre l’ensemble de la population: résidants et saisonniers inclus et par la suite, entreprendre une véritable démarche de consultation auprès des citoyens afin de savoir s’ils étaient d’accord avec l’idée de changer le nom de la Municipalité de la Paroisse de Disraeli et enfin, selon les résultats, s’adresser, si nécessaire, à la Commission de toponymie. Voilà le déroulement d’une démarche et d’un processus transparents.

Pour justifier leur décision et nous faire avaler leur couleuvre, les membres du Conseil municipal ont invoqué et mis de l’avant un fatras d’allégations bancales et de faux motifs. Je réfute toutes les allégations avancées et tous les motifs énoncés; ce ne sont que des balivernes. Foutaise! Ils ne tiennent pas la route. D’ailleurs, aucune statistique officielle ne vient appuyer leur prétention.

La Municipalité de la Paroisse de Disraeli existe depuis le début du XXe siècle, et à ma connaissance, aucune problématique ne fut soulevée au fil des ans, concernant son appellation. Puis, soudainement, la situation devient intolérable, intenable, invivable, au point de vouloir à tout prix chambarder, bouleverser et emmerder la vie des citoyens. Qu’il y ait quelques égarés ou lunatiques qui se manifestent à l’occasion, soit; mais cela ne justifie en rien la mesure draconienne qui est mise de l’avant. Un simple avis, un rappel à l’ordre suffit.

Ne soyons pas dupes. Tout découle de motifs sous-jacents, de non-dit. Il s’agit d’une guéguerre souterraine, malicieuse, vicieuse avec la ville de Disraeli. Une guéguerre qu’on appelle communément “guerre de clocher”. La Municipalité de la Paroisse de Disraeli ne veut rien savoir de la ville de Disraeli et ne veut d’aucune façon y être associée. Y a-t-il une meilleure façon de s’éloigner, de se dissocier de la ville que de bannir à tout jamais le nom de Disraeli de notre identité ? Il y a lieu de croire que ce nom terrorise nos édiles municipaux.

Bref, l’image d’une municipalité repliée sur elle-même, qui souffre d’un complexe d’infériorité, qui se sent persécutée, fragilisée et qui n’est pas en mesure de se faire respecter dans son entité propre, qui ne peut rayonner et affronter la compétition, qui ne peut se redresser autrement qu’en changeant de nom.

Quant à nos élus, se pourraient-ils qu’ils nagent dans les eaux glacées du cynisme, du narcissisme, du machiavélisme et de l’intolérance? Chose certaine, l’égo des uns doit être immensément gros pour vouloir infliger à une population les inconvénients , les impacts et les ennuis (changer notre adresse, notre code postal; aviser tous nos contacts, les émetteurs de cartes de crédit, Hydro-Québec, la SAAQ, Revenu Québec, nos assureurs, la Régie des rentes du Québec ainsi que le régime de pension de sécurité de la vieillesse etc…) qui découlent de leur décision et pour accepter, sans doute avec le sourire, la dépossession et la destruction de notre identité.

P.S. A moins d’avis contraire, les funérailles de la Municipalité de la Paroisse de Disraeli auront lieu à une date ultérieure. La cérémonie sera présidée par monsieur le curé Gosselin. Il sera accompagné de ses vicaires. Après la cérémonie, il y aura une danse sur la tombe de la Municipalité de la Paroisse de Disraeli suivie d’une réception à la salle de la municipalité de Bellerive. Un avis de décès sera publié plus tard.

André Lavoie

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