Ces poisons dans nos assiettes

Toute une semaine que cette semaine d’information du 17 février où la télé a braqué les projecteurs sur le glyphosate (« Roundup » de Monsanto) et les néonicotinoïdes ! « La semaine verte » a ouvert le bal en nous montrant ces produits chimiques à l’œuvre dans les champs de blé, de maïs, de soya, etc. Cet herbicide, le plus utilisé au monde, détruit toutes les herbes et se retrouve, après les récoltes, dans les produits alimentaires que l’industrie nous apporte. On y apprenait que l’Italie, la « Mecque » des pâtes, ne veut plus du blé canadien ainsi contaminé. Et hop ! Même dans nos assiettes, c’est ce que l’émission « L’épicerie » nous a ensuite démontré, on retrouve le glyphosate dans notre farine, nos pâtes, nos céréales, le tofu, et j’en passe, la liste n’en finit plus ! On nous rassure : ce sont des quantités « négligeables » selon Santé Canada…, mais qui s’accumulent dans les sols et aussi dans nos corps. Enfin, l’émission « Enquête » nous a fait voir la compagnie Monsanto à l’œuvre pour berner le public, s’imposant aux agriculteurs, manipulant les études scientifiques pour démontrer faussement que son « Roundup » est inoffensif et exerçant un lobby de tous les instants auprès des gouvernements.

Et ce n’en était pas fini des mauvaises nouvelles. Après le congédiement de M. Louis Robert, agronome sonneur d’alerte remercié pour avoir informé la population, l’Union des producteurs agricoles (UPA) a pressé le gouvernement Legault d’adopter un « plan vert » sur les pesticides dans la foulée d’un rapport qui montre que ces produits polluent de plus en plus les cours d’eau. En effet, le ministère de l’Environnement y a dressé un constat inquiétant de la qualité de l’eau, constat accablant sur la présence de néonicotinoïdes. Ces produits sont utilisés pour enrober les semences de presque tout le maïs cultivé au Québec et de la moitié du soya. Ils sont soupçonnés d’être à l’origine de l’important déclin des populations d’insectes pollinisateurs, comme les abeilles. Le rapport confirme aussi une « tendance significative à la hausse » des concentrations de glyphosate, considéré comme un « cancérogène probable », selon une agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Vos maraîchers sont présents dans les marchés publics des environs. Photo par Yves Lirette

Alors, peut-on se protéger ? Bien difficile, car on se sent assailli de toutes parts. Cependant, il y a des moyens pour minimiser les dégâts. On peut certes faire son propre jardin ou s’inscrire aux jardins communautaires, mais, d’abord et avant tout, il faut penser « achat local ». C’est une nécessité. On n’a aucune possibilité de questionner les grands producteurs, de faire pression pour que les mauvaises pratiques agricoles cessent. Par contre, le maraîcher près de chez soi, on le voit, on lui parle, on sait mieux à quoi s’en tenir et sa clientèle locale est importante pour lui. On peut le joindre à la ferme, mais il est aussi présent dans les marchés publics.

Il y a « Les serres Virginie Turgeon » de Disraeli Paroisse qui offre bien plus que des tomates et des concombres. On y produit une foule de légumes de façon naturelle en culture hydroponique (sans herbicides, pesticides ou fongicides). Il y a des maraîchers locaux qui offrent des paniers de légumes, comme « Les jardins au pas de l’âne » de Stratford. Les légumes y sont cultivés de façon écologique — sans pesticides ni produits chimiques. On y travaille la terre « au pas de l’âne » pour protéger les sols, qui sont nourris à l’aide de compost de la ferme et d’engrais vert. L’éradication des herbes indésirables se fait manuellement et avec la traction animale. Quant à la lutte aux ravageurs, on utilise des filets anti-insectes, on les récolte aussi à la main et on se sert de purin pour fortifier les plantes. On peut également s’approvisionner à la « Ferme M. & J.C. Couture », où aucun pesticide n’est utilisé en serre. Les pratiques agricoles y sont conseillées par le Club agroenvironnemental de l’Estrie, qui affiche ses préoccupations quant à la réduction de l’utilisation des pesticides.

Ensuite, il faut penser bio. Les produits biologiques sont réputés les plus exempts de pesticides et d’herbicides. Il faut les demander à l’épicerie et revenir constamment à la charge : petit à petit, les choses progressent. Bien sûr, ils sont plus chers, mais notre santé le vaut. Il en va ainsi des produits de « La Milanaise », entreprise située à Milan, tout près d’ici. Ils offrent toutes sortes de farines et de grains irréprochables, distribués en épicerie, à portée de la main. L’entreprise choisit soigneusement ses agriculteurs fournisseurs, les encadre et les soutient dans leurs pratiques culturales biologiques.

Et, après avoir combattu nos excès de boissons sucrées et énergisantes, pourquoi ne pas boire plus d’eau de source ? Un peu plus d’abeilles, un peu moins de glyphosate et… à votre santé !

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