Lors d’une conférence de presse tenue le 2 décembre 2019, la MRC des Appalaches, la Ville de Thetford Mines et la Société de développement économique de la région de Thetford (SDE) ont exprimé leur position ainsi que leurs attentes quant aux travaux du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) dans le dossier de « L’état des lieux et la gestion de l’amiante et des résidus miniers ». Soutenus par les députés provincial et fédéral, les représentants ont réitéré l’importance que revêt le résultat de ces audiences pour l’avenir de la région de Thetford.
Pour Marc-Alexandre Brousseau, maire de Thetford Mines, les suites de la démarche instaurée par le gouvernement sont capitales : « […] Ce que nous souhaitons, c’est que les mesures à mettre en place soient appropriées au risque réellement rencontré pour la sécurité de tous, ni plus ni moins. […] Les positions dogmatiques doivent faire place à plus de pragmatisme et de gros bons sens. Le devoir de précaution poussé à l’extrême ne tient pas compte de la gradation des risques, des autres solutions possibles et du gaspillage de fonds publics que cela entraîne. Nous nous attendons également à ce que les municipalités soient traitées comme des organismes gouvernementaux quant aux permissions qui sont autorisées en attendant que des solutions plus logiques et permanentes soient mises en place », poursuit le maire.
Selon le préfet de la MRC des Appalaches, M. Paul Vachon, l’enjeu est de taille : « […] Nous allons collaborer de très près avec la commission. Nous nous attendons à beaucoup du travail du BAPE et une solution viable est souhaitée pour favoriser la poursuite de notre diversification. Nous croyons que la solution réside dans une approche posée en tenant compte de l’environnement particulier et unique de la région. »

La région ferait face à un traitement déraisonnable et abusif qui freine et fragilise son développement en raison de l’omniprésence dans son environnement de son héritage minier.
« […] La diversification de l’économie s’est opérée entreprise par entreprise, emploi par emploi, allant jusqu’à recevoir, en 2014, le titre de “ Collectivité entrepreneuriale ” de l’année au Québec. La région va encore une fois rester forte et solidaire pour démontrer qu’elle entend être maître de son futur », de commenter le vice-président de la SDE, monsieur Jacques Larouche.
Des milliers de personnes vivent à proximité des montagnes de résidus d’amiante. Pour le député de Mégantic–L’Érable, monsieur Luc Berthold, le BAPE doit définir clairement la manière dont les résidus miniers pourront être transformés de manière sécuritaire et viable économiquement : « Les gouvernements fédéral et provincial ont autorisé, pendant plus de cent ans, l’utilisation des résidus miniers à toutes les sauces, que ce soit comme matériau de remplissage ou même comme abrasif pour les routes. Ils doivent donc tout mettre en œuvre pour soutenir les communautés face à la transformation du passif industriel minier en opportunité de développement ». Par ailleurs, ce dernier invite le BAPE à la prudence : « […] Ce sont les faits qui doivent guider les commissaires. La vérité est que l’histoire nous démontre que personne n’a développé de maladie liée à l’amiante par le seul fait de vivre à proximité des résidus miniers », conclut M. Luc Berthold.
La députée de Lobtinière-Frontenac, madame Isabelle Lecours, a conclu en affirmant qu’elle accueille avec satisfaction le début des audiences publiques. « Grâce à son processus scientifique strict, le BAPE nous donnera une vision claire de la situation et permettra à la région de tourner son regard vers l’avenir. »
Rappelons, selon Santé Canada, qu’on trouve des quantités négligeables de fibres d’amiante dans le sol, l’eau et l’air, présentes à l’état naturel ou qui résultent de l’activité humaine. Cette faible exposition fait en sorte que les risques liés à l’environnement sont jugés négligeables. Par contre, le gouvernement du Québec rappelle que les matériaux contenant de l’amiante peuvent être dangereux pour la santé lorsqu’ils libèrent des fibres d’amiante dans l’air, c’est-à-dire lorsqu’ils sont manipulés, par exemple lors de travaux où on excave, scie, perce, découpe, ponce, sable ou casse les matériaux. Toute exposition à l’amiante peut causer des problèmes de santé, c’est une question de concentration de fibres dans l’air respiré. Plus une personne est exposée à l’amiante, plus elle risque d’avoir des problèmes de santé et développer des maladies pulmonaires chroniques, qui peuvent prendre quelques dizaines d’années avant d’apparaître : les mésothéliomes, le cancer du poumon ou l’amiantose. La santé et la sécurité des travailleurs, bien sûr, mais aussi de toute la population sont au cœur de ces audiences. Il n’y a pas de compromis à faire avec de tels enjeux.
Le mandat confié par le ministre Charette au BAPE vise à tenir une enquête pour éclairer le gouvernement sur les orientations à donner à tout type de projet qui prévoit la présence d’amiante ou de ses résidus, au Québec. Le rapport devra être transmis au ministre au plus tard le 24 juillet 2020.
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