L’Humeur des paysages

2013-11-22-24-3Carmen
Maman Carmen

Une maman, quel que soit son âge ou sa condition, reste toujours une maman. Quand elles atteignent un âge vénérable et avancé, qu’elles ont davantage besoin d’attention et de soins, les rôles semblent s’inverser ; et il revient aux enfants de prendre soin des parents.

Mais c’est quand elles disparaissent, les mamans, qu’on mesure l’espace infini de notre solitude. Une maman, même vieille et malade, comble cet espace d’une présence inconditionnelle et féroce. Une maman est une lionne, une louve, une ourse.

Mon amie Ginette a perdu sa maman la semaine passée. Ce texte est pour elle. On redevient tout à coup une petite fille à fleur de peau, un petit garçon écorché, quand on devient orphelin. Comme l’âme maternelle, on est un ballon qui s’élève dans le ciel pour dépasser les nuages et atteindre un espace inconnu et inexploré. Le fil auquel nous sommes amarrés se rompt. La vie continue. Le rythme des saisons poursuit sa course. Les années passent.

Hier pendant que je marchais dans le bois, j’ai prié Lucien, mon père, pour une des rares fois en quarante ans. Je lui ai demandé d’accueillir cette dame que je n’ai pas connue, mais qui a besoin peut-être qu’on la guide là où elle est. Il connaît sûrement le chemin, depuis le temps.

Prier fait du bien. Aux vivants et aux morts. Prier apaise les vivants, comme rire ou pleurer. Aux âmes disparues, la prière est un fil de soie qui tisse un indéchiffrable lien entre elles et nous. Un lien tout de même.

La prière peut aussi s’adresser aux personnes près de nous, comme l’honorable madame Lehoux au village à qui j’aimerais tant ressembler dans quelques années. Comme ma Carmen qui semble indestructible tant sa force et sa volonté étaient — et sont encore — ancrées dans la vie.

Aux mamans, passées, présentes et à venir, je vous adresse un respectueux hommage. Aux papas aussi.

 

Dyane Raymond
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