Le 11 juin prochain, la succursale de la Banque Nationale, située au coin des rues Champoux et Saint-Antoine à Disraeli, va fermer définitivement ses portes et déplacer son personnel ainsi que son service à la clientèle à Thetford, ne laissant ici qu’un guichet automatique. Ce départ marquera un jalon important dans la vie financière de notre municipalité. Au cours de tout le XXe siècle, Disraeli s’est affirmée comme un centre industriel et commercial actif par la présence du chemin de fer et la vitalité de son industrie forestière. Il lui fallait une institution financière dynamique pour assurer une stabilité et une continuité à sa vie économique.
Trois hommes d’affaires d’ici, Louis Gilbert, Honoré Parent et Eugène Rheault entreprirent des démarches auprès des dirigeants municipaux de l’époque pour obtenir qu’une institution financière sérieuse vienne s’établir chez nous. C’est une toute jeune banque montréalaise qui a répondu à l’appel : la Banque Provinciale du Canada, née en 1901 de la transformation de la Banque Jacques-Cartier en une institution financière dynamique dirigée par Guillaume Narcisse Ducharme. Elle se spécialisera dans le développement économique du Canada français. Disraeli fut l’une des premières municipalités où cette institution financière est venue s’établir vers 1910, dans un édifice construit par M. Eugène Rheault au coin des rues Champlain et Laurier, propriété actuelle de Mme Ghyslaine Moreau (photo 1). À l’époque, la succursale de Disraeli, en plus d’assurer le service à sa clientèle locale, avait sous sa responsabilité des agences dans six villages voisins : Weedon, Saint-Adolphe, Fontainebleau, Saint-Fortunat, Saint-Julien et Stratford. Un gérant (le premier fut M. Gilbert Gilbert) et une employée assuraient le bon fonctionnement de la succursale.
En 1944, la Caisse Populaire Desjardins ouvrit une succursale à Disraeli sur la rue Jacques-Cartier et de ce fait enleva à la banque le contrôle du quasi-monopole financier exercé depuis 40 ans. Les deux institutions financières poursuivent le même but : assurer la vitalité de l’économie des municipalités francophones. Vers 1950, les agences que la Banque Provinciale avait ouvertes dans les villages environnants deviennent moins nécessaires à cause de l’amélioration des moyens de communication et cessent leurs services. En 1952, M. Adélard Lehoux, un homme d’affaires bien en vue, entreprit la construction d’un édifice commercial au coin des rues Champoux, Saint-Antoine et Laurier, sur le site de l’ancienne mercerie de M. John Elkas. La Banque Provinciale, qui se sentait à l’étroit dans sa succursale de la rue Laurier, se relocalise au 145, rue Champoux (photo 2) dans une partie du nouvel édifice de M. Lehoux et, par le fait même, augmente son personnel.
En 1979, les deux plus grandes banques francophones du pays, la Banque Canadienne Nationale et la Banque Provinciale du Canada, fusionnent pour devenir la Banque Nationale du Canada dans le but d’élargir leur présence au Québec. Cette fusion survenue en pleine période d’expansion de l’économie locale redonna un air de jeunesse à la succursale de Disraeli. Aujourd’hui, avec le commerce électronique et les transactions automatisées, les besoins d’un service au comptoir étant moins grands, la banque a décidé de fermer sa succursale de Disraeli. Cette situation n’est pas unique à notre localité : elle se produit régulièrement dans différents milieux.
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