L’Humeur buissonnière

Valable à partir du 1er mai 2023. (Par Dyane Raymond)

Par où commencer ? Tiens, par la fin pour une fois. Depuis quelques jours, j’ai rejoint la grande famille des retraité(e)s. Un mot ou un état qui en effraie certains, qui en réjouit d’autres, qui en laisse peu indifférents en tout cas.

Pour ma part, je préfère l’aborder comme un temps de liberté. Je n’ai pas dit « temps libre », quoique j’aurais pu, mais étant donné l’esprit d’oisiveté ou la connotation quelquefois péjorative accolée à l’expression, je choisis la liberté, celle qui n’est pas une marque de yogourt, comme le titrait le cinéaste et pamphlétaire Pierre Falardeau.

Dans la vingtaine, alors que je vivais à l’étranger, j’avais trouvé un travail de serveuse dans un restaurant. On y trimait dur et je m’y rendais souvent en pensant tristement que j’étais en train d’y user ma jeunesse. Plus tard, dans quelques-uns des nombreux boulots que j’ai effectués, je n’y usais certes plus un âge tendre révolu, mais en fermant — définitivement — la porte de mon bureau la semaine dernière, j’ai songé : je n’userai plus ma vie ici. Pas que je n’étais pas bien, ou mal payée, ou non appréciée à ma juste valeur ; au contraire. Mais dorénavant, je vais me concentrer sur le Vivre. Pas accomplir les mille choses que je n’ai jamais le temps de faire auparavant, ni me propulser dans des voyages tout autour de la terre, ni m’acheter un chien et me terrer au fond de mon rang. Je vais être là où ma vie a besoin de moi, parfois dans l’écriture, ou la contemplation ; parfois dans l’ailleurs, ou vers l’Autre ; parfois dans le bois, ou les siestes d’après-midi ; le plus possible dans le délié et la lenteur.

Mes ex-collègues, ayant bien cerné le personnage que je suis, au lieu de m’encombrer de l’inutile montre et du désuet stylo, en guise de cadeau d’au revoir, m’ont offert une carte de membre duo annuelle au Musée des beaux-arts. Comme ça, je pourrai t’inviter ma mie, mon amie, mon chéri, à m’accompagner dans des errances méconnues, inouïes, interpellantes ; on va pouvoir en jaser, ou se taire devant le plus grand que soi ; se remplir de lumières ; entendre une musique singulière formée de textures, de couleurs, d’apparitions ; s’émouvoir…

Voilà, j’écris ce texte par un beau lundi matin ensoleillé de printemps, tout en cuisinant le souper pour les amis que nous recevons ce soir.

Ainsi va la vie…

Dyane Raymond
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