Pour moins craindre de vieillir… Apprendre à aimer l’automne de la vie !
Par Danielle Perrault
La vieillesse est une saison. Comme l’automne, elle annonce ses couleurs en les perdant. Il y a un petit mois entre elle et l’hiver où le froid et la grisaille s’installent peu à peu. On rentre tout ce qui appartenait à la liberté de l’été, celle où l’on pouvait sortir et rentrer à loisir, légèrement vêtus et passer de longues heures dehors à se prélasser, bouger, jouer. Beaucoup d’entre nous craignent d’entrer dans cette saison de la vie.
Elle est tellement associée à la décrépitude, à la perte de jouissance, à la solitude, aux inévitables bobos et à la mort. Il n’y a rien de réjouissant qui nous y invite.
Le corps, notre véhicule, change de rythme. Quand on a aimé la vitesse, il est bien difficile d’apprendre à aimer la lenteur. C’est comme apprendre à aimer l’hiver sans les joies qu’elle nous procure.
Je n’ai pas appris à aimer cette saison et pourtant j’y entre peu à peu. Pour l’aimer, je dois lui donner un sens. Pas celui d’entrer dans une prison dont les barreaux invisibles me séparent de ce qui a toujours été associé à la vie, celle qui appartient à la jeunesse: les projets, le travail, l’espoir, l’amour, la conquête.
Ces barreaux se tissent à notre insu et ils finissent par nous emprisonner. On justifie ainsi notre enfermement sans presque s’en rendre compte. Le corps a un âge que l’esprit n’a pas.
Quand j’étais jeune, j’associais la vieillesse à la sagesse. J’ai travaillé avec des vieux pour me rendre compte que cette équation n’était malheureusement pas juste. J’aurais bien aimé qu’elle le soit. Je n’ai donc eu que peu de modèles réjouissants.
Ma voisine a trouvé ce qui donne un sens à son âge. Elle tisse la vie. Elle cueille des plantes, les fait sécher et elle en fait des paniers. Toute la nature prend ainsi un sens, elle ne meurt pas. Dans son hiver, elle tisse les plantes qui ont poussé l’été.
Moi, je tisse la vie avec les idées, les expériences que j’ai engrangées, les pensées qui me traversent l’esprit et je me sers des mots pour en faire des histoires. Ainsi, ma voisine et moi ne serons jamais vieilles. Cessons donc de tramer la perte, la peur, l’inquiétude et la maladie. Apprenons à tisser avec ce que la vie nous a appris et créons tout simplement. C’est ainsi que nous resterons vivants. Voilà l’idée que je me fais de la sagesse.
Préparons-nous en rentrant en nous tout ce qui a poussé dans nos autres saisons. Tissons avec ce que nous sommes grâce à ce que la vie nous a appris. Cela donnera un sens à notre hiver. Nous resterons vivants jusqu’à notre départ et nous partagerons encore en faisant œuvre utile, ne serait-ce que celle d’apprendre à aimer cette saison. Inspirons les jeunes, ils craindront moins de vieillir.
Voilà! Je commence déjà à apprécier cette nouvelle saison. Bon automne !
Danielle Perrault est psychologue et autrice de plusieurs contes thérapeutiques , des livres « Guérir de son histoire » et de 10 ballados sur la santé mentale « À l’écoute de soi » accessibles sur internet
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