Par Jacques Beaudet et Yves Lirette
Le Cantonnier entretient la route de l’information communautaire depuis avril 2000.
La survie des médias régionaux est menacée partout au Québec. La récente commission parlementaire sur l’avenir des médias d’information au Québec a braqué les projecteurs sur cette triste réalité qui ébranle les bases mêmes de notre démocratie : une information de qualité, diversifiée et près des citoyens.
En chute libre
Les médias traditionnels sont en chute libre parce que le Web les court-circuite. Les géants du Web que sont les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazone et Microsoft) relaient à grande échelle l’information qu’ils pigent partout gratuitement (sans payer de droits d’auteur). Ils sont partout, ne payent ni taxes ni abonnements, une situation de compétition inégale, destructrice. Alors, la population se désabonne, les publicités migrent sur le Web et les médias traditionnels perdent leurs revenus, acculés bien vite à la faillite. Telle est la situation que la commission parlementaire a mise à nue, une situation qui, à terme, pourrait faire disparaître la démocratie de l’information.
Le Cantonnier
Le Cantonnier, journal communautaire indépendant membre du réseau de l’Association des médias écrits communautaires du Québec (l’AMECQ), est une corporation sans but lucratif. Il a pour mandat d’informer la population régionale sur ce qui se passe autour d’elle et de donner la parole aux citoyens. C’est un mensuel avec 11 publications par année, d’août à juin. Avec un tirage de 6 950 exemplaires, Le Cantonnier est distribué gratuitement dans tous les foyers des municipalités de Beaulac-Garthby, Saint-Joseph-de-Coleraine, Disraeli, Lambton, Paroisse de Disraeli, Saint-Fortunat, Saint-Gérard, Saint-Jacques, Saint-Julien, Saints-Martyrs-Canadiens, Sainte-Praxède, Saint-Romain, Stornoway, Stratford et Vimy Ridge. Il est actuellement discuté de réduire le nombre de publications à 10 par année, car, ici aussi, les revenus peinent à éponger des coûts toujours à la hausse.
Le modèle d’affaires du Cantonnier est fondé sur la publicité, le « membership » et le bénévolat. En 2019, Le Cantonnier comptait sur le soutien de quelque 800 membres réguliers, de près d’une centaine de membres corporatifs et de sept membres solidaires. Aussi, ce sont plus d’une centaine de bénévoles qui recueillent, analysent, rédigent et corrigent le contenu de chaque publication. D’autres encore verront à l’envoi postal. Nous insistons : sans eux, sans vous, Le Cantonnier n’existerait pas ! Mais cela ne suffit pas. Une subvention gouvernementale québécoise apporte un soutien vital. Malgré tout, au bout du compte, ce sera tout de même le revenu publicitaire de chaque mois qui déterminera le nombre de pages que l’on pourra publier, donc la quantité d’informations diffusées. Ainsi, le modèle d’affaires du Cantonnier est formé d’une mosaïque en équilibre fragile, dont chaque pièce apporte une contribution essentielle, incontournable.
Ce qui est propre à un mensuel local communautaire, c’est qu’on y favorise l’information et l’expression des gens du milieu. En fait, le journal communautaire Le Cantonnier est fait par les gens du milieu et pour les gens du milieu : c’est vraiment votre journal, notre journal. Alors, c’est clair, il contribue au développement des communautés desservies. Tous ces journaux communautaires dans tout le Québec aident à briser l’isolement des nombreuses petites localités éparpillées sur tout ce grand territoire.
Bien sûr, il importe de savoir ce qui se passe dans le monde, dans le pays, dans la province et dans la région, mais il importe aussi de mieux connaître le monde qui nous entoure et que nous côtoyons. Le Cantonnier contribue à réunir les gens autour des événements qui nous sont chers, à comprendre ce qui se passe autour de nous et à y réfléchir pour, finalement, mieux agir.
La survie du Cantonnier
Les parlementaires ont entendu M. Yvan Noé Girouard, directeur général de l’AMECQ, lancer un cri du cœur. « Sauvons nos médias écrits communautaires », a-t-il clamé. Les défis posés aux médias écrits communautaires sont colossaux, allant du financement de l’impression des journaux aux coûts de distribution, en passant par la raréfaction des annonceurs locaux, le désengagement de la publicité gouvernementale, le difficile recrutement de bénévoles à la relève des artisans de l’information locale.
Alors, en définitive, votre média Le Cantonnier est-il en péril ? La réponse est non… pas encore, et c’est grâce à vous. Mais il ne faut rien tenir pour acquis. Pour en assurer la pérennité, il faut maintenir notre action bénévole à un haut niveau, un défi de tous les instants. Il faut que vous en deveniez membre chaque année. Il faut pouvoir compter sur nos entreprises pour qu’elles utilisent prioritairement Le Cantonnier comme véhicule publicitaire.
Il faut que les instances gouvernementales appuient concrètement les médias locaux : les programmes et subventions sont une chose, la publicité institutionnelle en est une autre. Les gouvernements fédéral et provincial devraient diffuser leurs avis, publicités et informations prioritairement dans les médias traditionnels. Les municipalités aussi, car elles sont les plus proches de la population. À cet égard, la Ville de Disraeli de même que la Municipalité de Saint-Joseph-de-Coleraine sont exemplaires.
Il faut aussi que toute la population — jeunes et moins jeunes — sache que l’information est essentielle, qu’elle a un coût et, par le fait même, un prix. La démocratie vraie ne saurait être sans une information diversifiée, accessible, et c’est la responsabilité de tous de la préserver.
Merci à tous ces gens qui œuvrent au Cantonnier et à tous ces gens qui le lisent.
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