Enseigner à la maison : un pied de nez à la COVID ?

La COVID fournit l’occasion d’apprendre en dehors de l’école. Il y a l’école en ligne à la maison et son lot de difficultés dont on parle abondamment. Une réalité moins connue est l’augmentation de l’enseignement à la maison par les parents. Qu’en est-il ?

En 2020-2021, le nombre d’enfants inscrits à l’enseignement à la maison a doublé au Québec comparativement à l’année précédente. C’est le cas au Centre de services scolaire (CSS) des Appalaches, où l’on compte maintenant 64 enfants au primaire et 32 au secondaire, issus de 64 familles, et au CSS des Hauts-Cantons, qui recense 70 jeunes au primaire et 9 au secondaire, provenant de 42 familles. En janvier dernier, d’après les données fournies par le ministère de l’Éducation, 12 186 enfants étaient répertoriés.

Selon la directrice de l’Association québécoise de l’éducation à domicile (AQED*), Mme Marine Dumond-Després, la fermeture des écoles au printemps dernier en raison de la COVID-19 a permis aux parents d’expérimenter l’école à la maison, et ça leur a plu. Les risques de contamination des grands-parents ont amené
certaines familles à retirer les enfants de l’école. La diminution de la qualité de vie dans les écoles en raison de la pandémie et du stress a poussé d’autres parents à offrir à leurs enfants un contexte plus stable, moins anxiogène, pour se développer. Finalement, l’obligation imposée aux parents de retourner les enfants à l’école en septembre dernier a conduit certains d’entre eux à opter pour l’enseignement à la maison.

*L’AQED est une organisation à but non lucratif et laïque qui informe les parents, les soutient et défend leur droit de choisir le type d’éducation qu’ils privilégient. Plus de 1 500 familles en sont membres. Pour plus d’informations : www.aqed.qc.ca/.

Qui sont les parents qui choisissent d’enseigner à la maison ?
La plupart du temps, en absence de la COVID, la décision des parents de faire l’enseignement à la maison est longuement réfléchie. Elle découle d’une nouvelle vision de la vie familiale, d’un regard critique de l’éducation en milieu scolaire et des modes traditionnels d’apprentissage, du souci de répondre aux besoins spécifiques de chacun des enfants, de l’intérêt pour des pratiques éducatives alternatives novatrices. Parfois, la décision résulte d’une situation de crise. L’expérience de leur enfant à l’école est négative : harcèlement, intimidation, anxiété, phobie scolaire, perte de motivation, etc. Les parents décident alors de prendre les choses en main.

Encadrement législatif et soutien
Le Règlement sur l’enseignement à la maison établit les balises du droit de garder les enfants à la maison pendant l’année scolaire. On trouve l’information sur le site Internet du ministère de l’Éducation : www.education.gouv.qc.ca/commissions-scolaires/aide-et-soutien/enseignement-a-la-maison. La Direction de l’enseignement à la maison (DEM) fournit des outils aux parents et leur attribue une personne pour les accompagner tout au long du processus. Elle reçoit toute la documentation qui doit être produite par les parents : projet d’apprentissage, suivis d’évaluation, y compris l’avis qui signifie leur volonté de retirer les enfants de l’école. Pour répondre à la hausse des inscriptions, plusieurs ressources supplémentaires ont dû être recrutées. Les centres de services scolaires, anciennement
les commissions scolaires, ont l’obligation de fournir les ressources nécessaires à la mise en oeuvre du projet d’apprentissage de l’évaluation de la progression des enfants. Toutefois, les parents doivent en faire la demande. L’approche, les ressources et les outils disponibles peuvent différer d’un centre de services à l’autre. Toutefois, la même garantie est offerte : leurs enfants seront traités de la même façon que s’ils étaient inscrits à l’école pour les besoins d’accompagnement, d’évaluation et de soutien pédagogique.

La réussite des enfants qui font l’école à la maison Les enfants qui font l’école à la maison sont rarement inscrits par leurs parents aux examens des écoles, des commissions scolaires et du ministère de l’Éducation. Ce qui aurait dû changer cette année scolaire, car les examens ministériels sont devenus obligatoires pour les enfants inscrits à l’enseignement à la maison.

Il est donc difficile de chiffrer la réussite de ces enfants. On sait toutefois que, parmi les parents qui font ce choix de vie, certains sont d’excellents enseignants. De plus, conscients que les aspects cognitifs et affectifs sont intimement reliés, ils se soucient de préserver la relation affective avec leurs enfants. Le ratio maître-élève moins élevé qu’à l’école favorise également l’apprentissage.

Conclusion
La pandémie donne le goût et plus de motifs aux parents pour expérimenter l’enseignement à la maison. Il serait intéressant et bénéfique pour la société québécoise que le gouvernement permette aux parents, qui font ce choix de façon responsable, de devenir un laboratoire d’expériences éducatives encadrées créant de réelles occasions d’apprendre en dehors du cadre scolaire habituel.

À propos Sylvie Veilleux

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