La disparition des lucioles

Par Gaëtane Therrien

Ce film de Sébastien Pilote, présenté au Cinéma du lac, sacré meilleur long métrage canadien à la dernière édition du Festival international du film de Toronto (TIFF), est un film d’ombres, parfois de noirceur, mais aussi de lumière diaphane. Léo (Léonie), l’héroïne, vit dans une ville morose, stagnante, au sein d’une famille disloquée. C’est l’histoire du drame humain, dans sa quotidienneté, d’une jeune adolescente happée par l’instant présent. L’avenir, elle ne le voit pas, il ne l’intéresse pas, trop préoccupée est-elle à faire éclater le moment présent.

Elle tente pourtant de respecter certaines normes. Elle assiste à ses cours, trouve, par l’intermédiaire de son beau-père, un travail d’été et décide même de suivre des cours de guitare. Sa rencontre avec Steve, son professeur, est savoureuse et amusante, empreinte d’humour innocent. Avec lui, elle connaîtra quelques moments de répit et de réconfort. Personnages attachants que ces deux-là.

Léo est une fille lucide malgré quelques comportements intempestifs. N’est-elle pas une adolescente d’aujourd’hui qui se cherche ? Son parcours en sera un de délivrance et de libération. En effet, elle se libérera de son beau-père, animateur d’une radio poubelle, qu’elle exècre et à qui elle dira ses quatre vérités. De son père aussi, syndicaliste déchu en exil, qu’elle idéalise (complexe d’Œdipe) et qui, lui aussi, a commis des impairs. Et, finalement, de son ami Steve, personnage renfermé et solitaire, sans ambition aucune, du genre « bof », qui vit encore avec sa mère et qui a une vision de la vie totalement différente de celle de Léo.

Léo trouve la lumière dans la noirceur, lucide dans la destruction de son univers qui lui est étranger, qui ne la nourrit pas, qui ne l’allume pas, qui l’empêche de s’émanciper. Le retour des lucioles n’est-il pas le symbole d’un destin plus prometteur ?

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