Le contrôle coercitif, prédicteur de féminicide et filicide
Par Sylvie Veilleux
Le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale lançait en septembre une plate-forme de référence sur le contrôle coercitif. Des constats douleureux, ici et dans le monde, ont conduit à l’utilisation de cette nouvelle paire de lunettes pour voir au-delà de la violence visible et des incidents isolés. En effet, malgré les programmes de sensibilisation, les mesures prises auprès des auteurs de violence, les féminicides sont en augmentation de 23 % au Québec, depuis la pandémie.
Qu’est que le contrôle coercitif ?
Sur la plate-forme, on trouve la définition suivante : Le contrôle coercitif désigne une série de stratégies utilisées par un partenaire ou un ex-partenaire pour isoler, contrôler, terroriser sa victime et la priver de liberté, petit à petit.
Comment le reconnaître ?
Le Cantonnier a rencontré madame Marie-Karine Boucher intervenante à La Gîtée, maison d’aide et d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale et leurs enfants à Thetford. Pour repérer les manifestations de contrôle dans leur couple et les accompagner vers des relations plus saines, voici des questions qu’elles proposent aux femmes :
Avez-vous le sentiment de marcher sur des œufs dans votre relation ?
Craignez-vous les réactions de votre partenaire si certaines règles ne sont pas respectées ? Vous sentez-vous libre ? Votre estime personnelle est-elle affaiblie ?
Pourquoi détecter le contrôle coercitif ?
Mme Boucher précise que la séparation ne garantit pas l’arrêt de la violence. « Au contraire, celle-ci a tendance à s’intensifier au moment de la rupture car le conjoint a l’impression de perdre le contrôle. .» Il est démontré que 75 % des homicides conjugaux au Canada surviennent alors que la séparation était imminente.
Plusieurs situations dans les dernières années démontrent que les hommes contrôlants sont prêts à aller jusqu’à assassiner leur conjointe et leurs enfants pour maintenir le contrôle qu’ils ont ou qu’ils tentent d’avoir sur leur conjointe ou leur ex-conjointe. Le contrôle coercitif était présent dans 92% des homicides conjugaux répertoriés en 2017, au Royaume Uni.
Les ressources des maisons d’hébergement aident les femmes à préparer leur séparation, à placer des filets de sécurité afin qu’elles-mêmes et leurs enfants ne soient pas en danger. En plus d’un service d’hébergement chaleureux et sécuritaire pour les femmes et leurs enfants, La Gîtée dispense des services sans hébergement individuels et de groupe, de l’accompagnement aux femmes dans leurs différentes démarches (juridiques, policières, protection de la jeunesse) et de l’aide aux proches. Un point de services existe à Disraeli.
Autres services offerts par la Gîtée
Pas besoin de vouloir se séparer pour utiliser les ressources de la Gitée. Si une femme se reconnaît dans une des situations de contrôle énoncées dans cet article, elle peut composer le 418 335-5551: un service téléphonique fonctionne 24 heures sur 24 à la Gîtée. Les jeunes filles de 14 ans ont accès aux services sans que leconsentement des parents soit requis.
Le personnel de la Gîtée fait aussi de la sensibilisation dans les écoles, des formations auprès des intervenants ainsi qu’aux employeurs afin de prévenir les impacts de la violence conjugale au travail.
Pour plus d’informations, consultez le site Internet : lagitee.ca, la page facebook ou écrivez à intervenantes@lagitee.ca
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