La régression tranquille
Nous, artistes et travailleurs culturels du théâtre pour jeunes publics, voulons joindre notre voix à tous ceux et celles qui défendent une école publique forte, axée sur l’enrichissement social, culturel et académique de notre jeunesse. Une école publique qui s’épanouit dans une société responsable pour laquelle les ressources allouées à l’éducation sont un investissement et non une dépense comptable. C’est pour nous une question de valeurs.
L’État a la responsabilité de s’assurer que l’école publique dispense et donne accès à tous, sur l’ensemble du territoire, à des services de qualité, à la hauteur des aspirations collectives des Québécois. Il doit aussi faire en sorte que cette accessibilité ne soit pas tributaire des conflits pouvant survenir entre l’État et ses employés.
Nous sommes préoccupés par le contexte qui prévaut actuellement au sein du milieu de l’éducation. Nous souhaitons exprimer notre crainte quant à l’impact des mesures d’austérité qu’impose le gouvernement actuel aux écoles publiques, à la diminution de services qui en résulte et à l’effet domino sur les sorties culturelles des élèves québécois.
Tout au long de l’année, artistes, organismes artistiques et diffuseurs de spectacles offrent aux enfants et aux adolescents du Québec, l’occasion de s’ouvrir au monde par les arts et la culture. Nous sommes persuadés que c’est l’une des voies essentielles à l’émergence de citoyens informés, cultivés et à l’esprit critique. Une grande part de cette offre est effectuée en collaboration avec le milieu scolaire et s’appuie sur des partenariats développés parfois depuis des décennies.
Dans le contexte des compressions et des perturbations que connait le milieu de l’éducation, nous déplorons que des milliers d’élèves et d’étudiants soient privés cet automne de sorties culturelles auxquelles ils ont pourtant droit. Plusieurs collaborations entre les milieux culturel et scolaire seront interrompues et de nombreuses sorties culturelles seront annulées. Le risque que les impacts que nous subissons cet automne s’étalent sur plusieurs années est malheureusement bien réel.
Comment le gouvernement actuel peut-il d’une main sabrer dans les budgets de l’éducation, réduisant pour les jeunes l’accès aux sorties culturelles et de l’autre, entreprendre en ce moment même, une consultation à l’échelle du Québec sur le renouvellement de la Politique québécoise de la jeunesse et l’actualisation de la Stratégie action jeunesse pour les 15 prochaines années ?
Mentionnons en plus le travail amorcé pour le renouvellement de la Politique culturelle du Québec où l’accès aux œuvres artistiques et les partenariats avec le milieu scolaire devraient occuper une place importante. Il y a de quoi sérieusement s’inquiéter. La Déclaration des droits de l’homme évoque les droits à l’éducation (article 28) et culturels comme étant indispensables à la dignité et au libre développement de la personnalité. L’article 31 de la Convention relative aux droits de l’enfant des Nations Unies reconnait à l’enfant le droit « de participer librement à la vie culturelle et artistique » par « l’organisation à son intention de moyens appropriés de loisirs et d’activités récréatives, artistiques et culturelles » au même titre que le droit à une école publique forte, ce sont ces nobles et justes droits de l’enfant que nous défendons avec vigueur, et pour lesquels nous travaillons quotidiennement et mettons à contribution notre passion et notre expertise.
Le 20 novembre est la journée internationale des droits de l’enfant. Nous nous engageons, comme nous le faisons tous les jours, à défendre ensemble ces droits.
Les signataires :
Association des diffuseurs spécialisés en théâtre (ADST)
Conseil québécois du théâtre (CQT)
Réseau Scènes
Théâtres Unis Enfance Jeunesse (TUEJ)
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