L’Humeur buissonnière

Toile de Georgia O’Keeffe

Par Dyane Raymond

C’est un de ces jours qui frôle la perfection : l’air doux est saturé de bruissants frissons, le soleil remplit le ciel mur à mur, rien d’autre ne s’entend que le pépiement du vent.

Et pourtant la beauté du monde ne peut être sans son contraire.

Je ne suis ni philosophe ni ethnologue ni rien en logue, je cherche simplement comment agrandir un peu la fissure par où traverse la lumière. Pour moi, vous le savez, ça passe souvent par l’art, la peinture, certaines musiques, la littérature à pus finir.

J’ai terminé récemment Francia, de Nancy Huston. Qui est un très bon roman, à mon humble avis, à la fois grave et léger, déconcertant, mais pas tant finalement, parce que si le sujet semble loin de nos vies (l’histoire d’une transsexuelle colombienne du bois de Boulogne à Paris), l’humanité au cœur du récit s’adresse à celles et à ceux qui ont une âme; je veux dire, que la laideur n’a pas encore recouvert de sa chape de barbarie et de grossièreté. Je sais, je souffre parfois d’élans de cynisme; sauvez-moi de moi!

Donc, on parlait de la Beauté avec un grand B et de sa bucolique quiétude. Peut-on encore y croire? À l’instar d’Hubert Reeves et de quelques autres dans son genre, je serais plutôt du côté des réalistes espérants, même si certains jours je me traite d’autruche. Même si les pires films d’horreur ont l’air de sortir des studios de Disney à côté des nouvelles du téléjournal. Alors quoi?

Dans le pas à pas des jours, dans le pas à pas de la vie, il y a tant de battements d’ailes, il y a tant de papillons qui transportent sur leurs ailes des espérances qui sont permises, des petits gestes qui changent pas le monde, sauf que…, des intégrités qui ne s’achètent pas.

Derrière ça, on est là, avec notre foi sur le fil du temps qui avance à grandes enjambées vers le grand inconnu de la vie. Derrière ça, on est là. On, cette race qu’on appelle humains, comme les nomme le poète Vigneault. L’écrivain portugais Fernando Pesoa pensait que « la littérature, comme toute forme d’art, est l’aveu que la vie ne suffit pas ». On a de la chance, elle existe la littérature. Et la musique, et la peinture ; elles sont là, comme des cris d’enfants dans le chant du monde.

On a de la chance.

À propos Sylvie Veilleux

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