L’Humeur buissonnière
Par Dyane Raymond
De la belle neige blanche, du bon air. Ne pas prendre cela pour acquis et ne pas maudire un hiver qui, à n’en pas douter, est une saison de grâce. Où se dépose le temps. Où se dépose l’urgence. L’impératif de l’outside. Ne vous méprenez pas pourtant : aller jouer dehors, c’est aussi se blottir dans un confort intérieur. Les muscles qui chauffent, le sang qui circule, irrigue nerfs et neurones, le pas qui s’allonge et s’immobilise pour reprendre un souffle haletant, virevoltant au-dessus du paysage comme de la neige folle.
Il y a quelques semaines, je suis revenue à la maison après un long voyage, et c’est d’un grand respir dont j’avais une impérieuse envie. Aussi de voir du blanc avec tout ce que mes yeux pouvaient contenir d’horizon. Quand je suis revenue à la maison, il y avait Marielle à sa fenêtre pour me saluer au passage. Ah! ce geste d’une toute simple tendresse qui bouscule les anonymats. Ce geste d’un amical voisinage qui me redonne une visibilité. Pas celle des lumières et des avant-scènes, celle d’une présence dans la communauté. Je veux dire, ma seule présence en elle-même n’a pas d’importance, c’est quand elle est jointe à celles de mon village qu’elle prend un sens, qu’elle se reconnaît une appartenance. J’étais tellement heureuse de marcher longtemps dans le froid à peine piquant, jusqu’au bout du chemin Parent, de monter la longue côte du 4, essoufflée et fière d’y être arrivée, presque d’une traite.
Toutefois, on n’a pas besoin de partir très loin pour revenir à la maison. Peut-être suffit-il de sortir de soi, de cette grosse affaire qui prend toute la place pour n’en laisser aucune à de l’autre, à du dehors, à du minuscule, à du donné sans compter, etc.?
Pour revenir à la maison, peut-être que ce n’est pas une porte qu’il faut débarrer, mais ce qui n’a pas besoin de clé, ce qui est déjà libre et découvert? Comment dire ça d’une façon simple ? Revenir à la maison, c’est être, se sentir unie à quelqu’un ou quelque chose. Un homme, une femme, un enfant, un animal. Un petit lac, un piano, un sentier, un jardin, une serre, un métier à tisser, une érablière, un atelier…
C’est aussi pourquoi j’aime tant mon journal : parce qu’à chaque mois, j’ai l’heureux sentiment de rentrer à la maison. Merci de m’accueillir.
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