Il faut voir en vrai, les centaines, voire les milliers de détails que contiennent les peintures de Louise Laurin. Il y en a tant. C’est presque étourdissant. Et pourtant, il y a une harmonie, une cohérence, de la beauté. De l’art naïf, étiquetteront les connaisseurs. Oui, bon, j’imagine. Des histoires, des mélanges de vrais et de faux, comme dans toute bonne fiction qui se respecte, mais avant tout des élans d’une petite vie pas si petite que ça, de petites gens pas si petits que ça, de petits bonheurs qui font les grandes rivières. Comme la Bulstrode, qui passe pas loin de chez elle à Saint-Hélène-de-Chester. La femme possède de multiples talents. Elle a cultivé celui-là avec patience (car il en faut assurément), des heures, des semaines, des mois durant, puis est passée à autre chose. Ou peut-être pas. Je ne sais pas. Peut-être qu’il y a quelque part, dans un coin de sa vie, un atelier encore ouvert où germent d’autres tableaux. Je sais, par ailleurs, un grand jardin qu’elle entretient. Une maison entourée d’un large balcon où la porte est grande ouverte. Un cœur qui déborde pour la famille, les petits-enfants, les amis, la Nature… Une ardeur de vivre dans le Grand Carrousel. Tous ces mouvements, paradoxes, contradictions, maladresses, ravissements, qui forment les mille milliards de détails d’une vie. Pour revenir aux tableaux de Louise Laurin, je dirais que, ce qu’ils ont de touchant (à mes yeux), c’est leur lumière, qui accueille le rayonnement ; c’est leurs couleurs, qui proposent la transparence ; c’est leurs narrations, qui racontent des choses simples, des maisons, des arbres, des fleurs, des fruits, des chats, des chiens, des enfants, un bateau, une terrasse, un balcon, une carriole, etc. ; et des choses complexes, de l’eau, de l’air, du temps, du vent, de la musique, de l’amour, de l’espoir. Pourquoi de l’espoir ? Je ne sais trop. Peut-être parce que n’est pas naïf qui veut, quand il s’agit d’exprimer Autre que soi ; n’est pas naïf qui veut quand il s’agit de dire au monde des vérités plus belles que le réel. Les histoires de Louise Laurin demandent un lent et long respir comme lorsqu’on compte les secondes pour retrouver son calme et sa patience. Un respir profond dans la beauté des choses vivantes quand l’heure est donnée de perdre son temps et de s’étirer dans l’espace.
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