L’Humeur des paysages

Vaches d’Orsans

Je viens d’installer comme fond d’écran sur mon ordinateur une photo de vaches franc-comtoises envoyée par mon amie Sophie qui vit à Orsans, un petit village, près du Jura en France, pas tellement plus peuplé que le mien de St-Jacques. Ça me fait penser que bientôt les belles Angus qui paissent depuis quelques années l’été, dans un pré le long de la route, referont sans doute leur apparition. Elles sont un pur ravissement à voir avec leurs cornes et leurs poils qui leur tombent jusque dans les yeux et ressemblent à une longue chevelure désordonnée. Je suis presque une maniaque de l’ordre (certains qui me connaissent trouveront peut-être le « presque » inutile, mais bref). Toutefois, je considère le désordre « presque » sous toutes ses formes comme un signe de bonne santé. Matériellement, même s’il m’horripile, il n’en représente pas moins un esprit en ébullition, un être d’action et d’imagination, qui a du vif-argent dans les jambes et des fourmis en permanence au bout des doigts.

Socialement, le désordre est aussi le signe qu’on n’est pas des moutons et qu’il est possible et utile de brasser la cage de temps en temps, de sortir du confort et de l’indifférence pour questionner l’ordre établi. Je ne parle pas d’émeutes et n’encourage certainement pas le vandalisme ou autres lâchetés du genre. Je parle de se tenir debout, comme Gilles Vigneault le fait — encore une fois — si noblement avec son dernier disque, à 85 ans ! Je parle de courage et d’implication. D’humilité, de grandeur, d’élégance.

Je sais, j’idéalise un peu le portrait, et pourquoi pas puisque j’écris, et que ça sert aussi à ça l’écriture, la peinture, la musique, comme toute forme de création : montrer une face cachée des choses. Ce n’est que la mienne. Juste un autre regard.

Que je veux doux et pénétrant… comme celui des vaches.

Les jonquilles sont sorties, les grenouilles ont entonné leur chant fou d’amour. N’est-ce pas merveilleux