L’humeur des paysages

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Photo: Dyane Raymond

De quoi vais-je bien pouvoir parler cette fois-ci dans ma chronique ? « De l’hiver qui s’en vient », répondit laconiquement l’homme de ma vie en vérifiant la cuisson des pâtes. Ouais, pas franchement palpitant comme perspective, d’écriture comme d’avenir. Mais bon, ça m’apprendra à poser des questions idiotes.

Et puis ce matin, devant la gelée blanche qui a envahi la prairie, je me dis que c’est une réalité avec laquelle il va falloir composer et que je suis mieux d’en tirer profit. Et pourquoi pas entreprendre des choses auxquelles je rêve depuis longtemps voire toujours : apprendre à jouer aux échecs, à jouer du piano, lire des philosophes, écrire pendant des semaines au bord de la mer… ? Des choses difficiles, qui exigent qu’on s’y investisse, qu’on étudie, qu’on pratique. Ça doit vouloir dire ça réaliser ses rêves. Réaliser : organiser, planifier, bâtir, se concentrer. J’ai entendu ou lu, je ne sais plus, il y a longtemps, qu’il faut faire attention à ses rêves parce qu’ils « risquent » de se réaliser. Et alors de nous entrainer dans des zones inconnues, voire confrontantes ou inconfortables, ou exigeantes, ou périlleuses, ou laborieuses, ou incommodes, ou complexes, ou ombrageuses, ou escarpées. De faire dévier la route du confort, de séparer les isthmes de l’indifférence.

Faire attention à ses rêves, y penser deux fois avant de maudire l’ordinaire, mais aussi oser le doute, braver le facile, affronter les contradictions.

En fait, je dois avouer qu’à chaque mois c’est pareil : je procrastine jusqu’à la date de tombée. On dirait que je veux me rendre au bord de la falaise du temps pour sentir l’émoi du large en même temps que le vide ; pour éprouver les beautés de l’horizon et du danger…

Ça me fait penser à l’Irlande où je rêve d’aller écrire pendant des semaines… Et c’est souvent cette image que j’ai en tête, des falaises abruptes devant une mer puissante et grise surmontée de nuages lourds, avec de forts vents et de vastes prairies très vertes derrière.

L’hiver s’en vient… je vais me faire un autre café en attendant.

Dyane Raymond
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