Par Dyane Raymond et Charlie McKenzie
Les gens de la ville imaginent souvent la campagne comme un espace d’harmonie et de paix. Un lieu où le chant des oiseaux est une musique quotidienne, où tout le monde se connaît et où le règne de la beauté gouverne les cœurs et les esprits. Cela existe, c’est en partie vrai. Mais existent aussi la rudesse des saisons, la cruauté de la vie sauvage, l’esprit de clan et… les batailles de coqs pour des chicanes de clochers.
Celle à laquelle je pense se passe comme souvent entre gens qui la veille prenaient amicalement un verre ensemble au bar du village. Entre gens qui oublient tout à coup bienséance et respect pour se lancer dans un inextricable dialogue de sourds. Celle à laquelle je pense est désolante, comme toutes les chicanes.
Il ne m’appartient pas de commenter ici le différend entre ces voisins. Toutefois ce qui m’a interpellée lorsque j’ai été témoin d’une de leurs altercations, c’est le commentaire d’un jeune homme, natif du village, qui reprochait à son vis-à-vis de n’être pas d’ici. Argument péremptoire s’il en est un. C’est d’autant plus injuste, selon moi, que la personne ainsi apostrophée a fait de cet endroit son coin de pays depuis plus de 35 ans. Une terre qu’il aime, soigne, travaille et où, espérons-le, il vieillira.
Il est remarquable de voir combien dans les régions, les villages, les gens sont fiers de leur appartenance, de leur descendance qui comptent souvent plusieurs générations. Les gens sont fiers et avec raison d’être un des arbres forts de cette forêt ; ce qui est dommage, en revanche, c’est qu’ils en oublient parfois l’élégance qui rend si noble chaque espèce. Qu’elle soit autochtone ou allogène. Faisant moi-même partie de cette dernière catégorie, je ne peux que sonder mon cœur et y trouver un attachement intime et serein pour cette région et certaines personnes qui m’ont accueillie. Les amis et amies inestimables que j’y ai connus. Le tendre attachement que j’éprouve pour mon école et mes collègues, la chance que j’ai de collaborer au Cantonnier que j’aime d’amour, ma vie longtemps rêvée et heureuse sur mon bout de terre ; de tout cela, et bien plus, je suis infiniment reconnaissante. Je resterai à jamais native d’ailleurs, évidemment, et cet ailleurs a fait de moi celle qui apporte aujourd’hui une humeur différente dans notre magnifique paysage. Ai-je votre assentiment ?
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