L’Humeur des paysages

Bob Dylan's nightmare
« […] how does it feel?
 To be on your own, with no direction home ? » Bob Dylan – Like A Rolling Stone Crédit photo: Charlie McKenzie

Dyane Raymond et Charlie McKenzie

La liberté a un prix. Comme toute chose d’ailleurs. On ne mesure pas toujours la valeur des gestes que l’on pose, des décisions que l’on prend. Celle-ci se dévoile, parfois rudement, parfois peu à peu au fil du temps et des événements.

Ne pas savoir comment rentrer à la maison. L’idée est vertigineuse. Et il ne s’agit pas d’être ou de se sentir perdu sur une route, un chemin isolé, un sentier forestier. Quelquefois, on est planté là, au milieu d’un nulle part intime, les deux pieds pris dans les sables mouvants de l’immobile. Et on s’enfonce petit à petit, un peu plus chaque jour. Qu’on s’agite ou reste coi, le sol continue de se dérober dans l’absurde impuissance.

Il y a fort longtemps, je vivais dans une grande ville. Une ville Lumière. Sombre et grise, tout en pavés et en tonnerres. Une ville fabuleuse qui, aujourd’hui encore, hante mes rêves, nourrit mon imaginaire. Et pourtant, j’y étais enfermée comme dans la plus close des prisons. Je voulais rentrer à la maison, mais j’étais cernée par d’invisibles et solides barreaux. Nous sommes notre propre enfermement. Nous sommes nos limites. Je ne suis pas de celles qui croient que tout est possible avec de la détermination et du courage. Je suis de celles qui croient en la détermination et le courage. Le reste arrive ou n’arrive pas. Le travail de fourmi, la légèreté de la cigale, le front de bœuf, la tête de cochon, le caractère de chien, la patience du chat ; un mélange de tout ça fera en sorte de rendre la vie belle. Avec une bonne étoile, dans un ciel constellé.

Il m’arrive encore de me sentir prise au piège. En revanche, je sais (ça c’est l’âge) que la magie finit immanquablement par opérer un jour ou l’autre. Dans le sentier d’été que j’emprunte maintenant pour marcher, il y en avait un justement, placé là j’imagine pour attraper quelque rongeur malfaiteur. Hier, il avait disparu…

Dyane Raymond
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