Par Dyane Raymond et Charlie McKenzie
En prenant mes marches sur la route menant au village pendant les vacances des fêtes, je tournais la tête vers le rang 4, vers le lointain, vers l’éternité, extrapolais-je. Comme si cette chose temporelle, impossible pouvait se matérialiser dans un morceau de ciel ou un pan de brume ou un bout de champ. Je songeais aussi à la douleur, la souffrance que cette chose temporelle impossible pouvait recouvrir quand elle est sans issue ou au contraire accomplie par l’absence. Et je pleurais. Chaque jour je pleurais en prenant ma marche sur la route du village en tournant mon regard vers le rang 4, vers l’absence impossible et éternelle d’un homme que je ne connaissais pas. Parce que les larmes sont aussi une forme de prière.
Et puis j’étais reprise par un mouvement du vent, par un signe de main de Charlotte derrière sa fenêtre, par un pépiement d’oiseau. Par la simplicité. La beauté. Qui sont des mots doux. Je remontais le rang 7, saluant Lise au passage, la défunte maman de mon amie Joane devenue dans mon cœur la coquine rivière ; saluant madame Lehoux lorsque le ciel m’offrait une trouée bleutée. Un jour, je marchais sur ce même rang en pensant à quelqu’un que j’avais connu et aimé il y a plus de trente ans de cela, me demandant ce qu’il était devenu. J’ai relevé la tête et un chevreuil est passé à six pieds devant moi. J’avais eu ma réponse : où qu’il soit, il allait bien.
Puisse l’année 2016 vous gratifier de ses bontés, chers amis lecteurs, lectrices du Cantonnier.
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