L’Humeur des paysages

Par Dyane Raymond et Charlie McKenzie

Les choses, on le sait maintenant, ne sont pas toujours ce qu’elles semblent être. Un noir et blanc ou un sépia cache parfois ses couleurs. Comme le démontre cette image dont les subtilités de bleus et de verts ne se laissent pas forcément saisir au premier coup d’œil. Nous voilà en automne déjà, et l’été est si proche derrière qu’on a encore dans le nez ses odeurs, dans les yeux ses lumières, dans la peau sa chaleur. Reste, reste, voudrait-on  lui chuchoter, en le tirant par la manche, en se mettant à genoux s’il le faut. Mais il partira, il est parti. Comme le temps fripon, le présent fugitif. Non mais, suis-je vraiment en train de parler de l’éternel temps qui passe ? Des saisons qui se succèdent… ? J’ai entendu dire que les Amérindiens découpent  l’année en six saisons. Sans doute une manière d’être au plus près des changements qui se produisent dans la nature au fil des mois.

Brume d’automne par Charlie McKenzie
Brume d’automne par Charlie McKenzie

Et en nous ces changements, comment les mesure-t-on ?  Par nos choix de vie qui occasionnent quelquefois de grands virages ou des presque rien en forme de bonté ? Par les absences, les disparitions qui forment des creux ou des trous béants ? L’imperceptible ou l’impressionnant, gouttes de rosée ou tonnerre, mues sur notre visage, métamorphoses dans notre corps, oscillations dans notre paysage? Par tous ces questionnements, oui, qui reviennent comme des saisons, et ne trouvent de réponses que dans la formulation de la question elle-même.

Je me méfie des certitudes qui me font penser à des blocs de béton sur lesquels on ne peut que buter, se blesser. Et préfère déplacer des montagnes. Car l’immobilité n’est jamais qu’une illusion, n’est-ce pas ? L’arbre, tout enraciné qu’il soit, plie sous la poussée du vent; l’eau n’est dormante qu’en son apparente surface; un ciel de nuit n’est jamais ni vide ni noir; la solitude offre de belles éclaircies quand la joie la bouscule; et l’amour redevient une fête quand tu es là, mon enfant, mon amie, mon chéri.

Dyane Raymond
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