Par Dyane Raymond et Charlie McKenzie
«Je t’aime, toi», lui ai-je lancé en me retournant dans l’allée, après avoir pris un bon thé avec elle ce samedi-là en regardant la neige tomber. «Très bien, très fort», a-t-elle répondu en agitant la main de son balcon. Elle. Que je connais depuis bientôt 37 ans. Mon amie.
Quand j’arrive et pars du travail, je m’arrête au bureau de chacun, chacune pour dire bonjour et au revoir. Mes collègues. Des gens que je côtoie tous les jours, sans connaître grand-chose d’eux. Et pourtant, je les aime. J’aime croiser leur regard le soir en partant, apporter avec moi leur sourire qui allège le poids de ma journée, poser sur leur visage fatigué une bise imaginaire, mais qui, j’aime à le croire, effleure leur cœur de toute la tendresse que j’y mets.
Quand je vais au village faire les courses, ou que je pars prendre ma marche, ou que je monte me coucher de bonne heure, je laisse un petit mot sur la table avec des étoiles et des bisous, je pose ma main doucement sur son cou, embrasse son front. De tout, tout petits gestes, mais qui pour moi, revêtent une importance majeure. Parce que chaque geste est le premier. Toujours le premier, qui exprime oh combien je t’aime, oh combien ta présence est bonne dans ma vie, oh combien notre collaboration est heureuse et respectueuse. Et aucun de ces gestes, de ces actes, de ces paroles, n’est banal, ou nono ou cucu. Aucun n’est inutile, superflu, contraignant ou négligeable. Ils ne parlent pas seulement de moi ni même de nous. Ils parlent de paix, de l’humanité qui nous fait cruellement défaut, de la beauté du monde, trop souvent piétinée par le pouvoir et l’argent. Ces mots ne sont pas ma fleur au fusil. Je n’ai pas de fusil. Ils n’ont aucune prétention, aucun rêve de puissance. Ce sont juste des mots d’amour.
«Tu sais que je t’aime», a-t-il murmuré en partant. Ça restera gravé.
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