Par Dyane Raymond et Charlie McKenzie
Les choses ne sont pas toujours ce qu’elles semblent être, on le sait. Un printemps peut en cacher un autre. Le soleil tapi derrière une tonne de nuages. Le blanc de la neige le jour de Pâques, par exemple, n’étant que le reflet d’un « présent éternel », comme l’a lu mon chéri quelque part. Ce fameux jour de Pâques où il pleuvait à torrents, mais où pourtant la joie s’était invitée à dîner avec une bouteille de bulles et son chéri à elle. Et l’amie Danielle, la voisine de la terre à côté. La vie de famille s’avère parfois un coffre aux trésors ou une boîte de Pandore, mais elle n’en demeure pas moins un noyau, un centre à partir duquel nous irradions humainement, professionnellement. Certains clans sont des forteresses d’amour, d’autres des ilots de solitude, d’autres encore des écrins recouverts de velours, de coton, de papier de soie ou… sablé, ça dépend. Quoi qu’il en soit, ceux qui n’ont pas ou peu de famille ou qui en ont une éloignée l’auront peut-être reproduite dans un moule d’amitié aux parois souples, qui s’adapteront aux vents et marées de la vie, mais que tempêtes et tonnerres ne sauront rompre. Nous avons besoin de l’autre, et plaçons une confiance entière en la personne avec qui nous partageons notre vie. C’est déjà beaucoup, mais pas assez. «…parce que la vie ne suffit pas», notait l’écrivain portugais Fernando Pessoa. Ce que la quotidienneté ne comble pas, c’est l’histoire, ou plutôt les centaines, milliers d’histoires qu’on a oubliées pour la plupart depuis le temps, et qui sont, non pas rangées dans un album de photos mnémotechniques, mais bien parties intégrantes de nos gestes et pensées présents et futurs. Un présent éternel, philosophait Chéri, oui, mais de cette éternité qui tel le phénix renaît chaque jour de ses cendres. De cette éternité qui vient nous surprendre dans le détour de nos certitudes. De cette éternité où l’éphéméride du calendrier indique toujours le même jour, ce temps présent de nos amours, amitiés, familles. Ce temps présent des failles, des deuils, des inquiétudes, des questions sans réponses. Ce temps présent qui m’emportera vers quelque vertigineux sommet ou m’étonnera d’une mutation improbable… Ce printemps nouveau de toute éternité.
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