L’Humeur des paysages

L’image de Charlie évoque l’abondance. Ce temps des récoltes. De grâces. La fin d’un été trop beau pour être vrai. Où tous et toutes nous avions 20 ans, tant le soleil et la chaleur semblaient gorgés d’éternité.

Hier, en nous rendant à l’hôpital avec mon chéri pour réparer un doigt cassé, je lui racontais combien dans mon enfance les souhaits de bonne santé que les parents et amis s’offraient aux fêtes et aux rencontres me semblaient abstraits. Combien, dans ma juvénile imagination, ces vœux étaient dénués de sens et surtout d’esprit ludique. La santé signifiait qu’on pouvait être malade et être malade signifiait rester au lit une journée ou deux à lire, regarder la télé et manquer l’école. Alors, où était le problème ? En vieillissant, les perspectives changent évidemment. Et le corps devient un précieux refuge, le lieu de toutes les bontés.

Photo par Charlie McKenzie

En nous promenant au bord de la mer à marée basse la semaine passée, je discutais avec mon ami Minou, qui me parlait des bonnes résolutions qu’il concrétiserait en rentrant. Au-delà des bienfaits qu’apporte une saine manière de vivre, lui disais-je, il y a avant tout, pour moi, le respect qu’on accorde à cet objet si complexe et merveilleux qu’est le corps humain. Un respect qui témoigne de la valeur et de l’amour que l’on se porte. De l’importance qu’on accorde à ce qu’on veut offrir à l’autre en élégance et en intelligence dans le reflet de soi qu’on lui propose.

Le jeune médecin hier m’expliquait en termes techniques les étapes par lesquelles il allait réparer ce doigt qui avait serré la main du diable. C’était comme un poème, des mots alignés les uns aux autres, dont le sens restait le plus souvent obscur, mais qui finalement, comme la poésie, allaient accomplir des miracles. Des mots magiques associés à une non moins miraculeuse enveloppe humaine composée de sang, de tendons, d’os, de neurones, etc. Tout cela d’une fragilité et d’une puissance resplendissantes. Je remercie donc ce jeune poète de l’urgence de Thetford d’avoir réparé cette cassure et irisé mon imaginaire ; et aussi mon ami Minou, qui m’a rappelé l’importance de s’aimer. En actions et en grâces. Un bon temps pour y repenser.

Dyane Raymond
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