J’ai reçu récemment une lettre d’un lecteur de Disraeli, autrefois résident de Saint-Jacques-le-Majeur. Il arrive à la plupart d’entre nous d’être frappés de doute, de moments de blues, où toute chose que l’on fait apparaît dérisoire, voire inutile. Les paroles de cet homme, d’une grande générosité et d’une belle bonté, m’ont redonné confiance, non seulement dans la valeur de mes faits et gestes, mais surtout dans cet espace dédié à la joie, inscrit dans la Nature, qu’on appelle le Vivant. Et qu’il ne faut pas perdre de vue quoi qu’il arrive. Facile à dire quand on est ébranlé par la maladie, la souffrance, les inondations, le chômage, l’imminence de la mort, etc. La liste pourrait être longue, sans parler des petites et grandes contrariétés quotidiennes qui ne manquent pas. Je ne suis pas une adepte de l’optimisme à tout crin et, comme je vous l’ai déjà dit, je ne crois pas au bonheur. Mais au respect, oui. À la reconnaissance. À l’autre. Nous les humains possédons des égos gros comme le bras, mais la beauté de la lumière (comme dans la photo de Charlie) est plus forte que ça. Le pépiement de l’innocence (comme dans la photo de Charlie) est plus important que ça. L’attention portée au vivant (comme dans la photo de Charlie) est plus cruciale que ça.
Je suis en train de lire un livre extraordinaire (courez l’acheter !) de Catherine Dorion, « Les luttes fécondes », qualifié en quatrième de couverture de « plan d’évasion » et qui, pour ma part, est un grand hymne à la joie. C’est la parole d’une jeune femme pour d’autres jeunes femmes, mais que tout homme, que toute femme, peut comprendre. La vieille poulette que je suis (pour rester dans le thème de la photo) se régale à chaque page d’une telle intelligence, d’une telle lucidité, d’une telle justesse et finesse d’écriture. Et à chaque page, je tombe en bas de ma chaise, comme si, après un jeûne de 40 ans, on me faisait enfin goûter une substantifique moelle. On apprend des autres. Aujourd’hui mes leçons sont venues de ce lecteur, de cette écrivaine. Merci la vie.
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