Par Dyane Raymond et Charlie McKenzie

En me levant ce matin, c’était dimanche, j’ai pensé à la lenteur. Qui elle-même m’a fait penser à la beauté. La beauté de la lenteur ? Oui ; cette chose devenue si rare, quasiment archaïque. Cette chose qui change le regard en contemplation. L’essoufflement en respir. Nous avons la chance de vivre dans un environnement où nos sens ont accès à la beauté de la vie. À nous de la changer en bonté. Je veux dire qu’en prenant le temps de reconnaître ce qui est beau, nous le rendons bon. Ce sont nos yeux, notre propre émoi qui sont empreints de la bonté qui transforme les choses de la vie. La nature aime le silence, l’illusion de l’immobilité, les brouillards blancs des aurores, la splendeur des nuits. Hier, j’ai trouvé une espèce d’araignée dans la maison, noire, velue, d’une laideur repoussante. Je l’ai mise dans l’herbe où elle s’est tout à coup fondue dans le décor. Dans son environnement, elle n’était plus une bestiole épeurante et affreuse, elle a juste disparu dans un grand tout. Je pense que c’est pareil pour nous, les humains. Quand je marche dans le rang 7 ou sur la terre là-haut, je deviens un gravillon ou une flaque boueuse ou une touffe d’herbes foulées ou une branche sèche ou les jappements de Copain ou de Shadow. Je ne suis plus une petite personne inquiète de son avenir, une petite madame vieillissante, une petite femme bourrée de contradictions. Je suis une grande personne qui n’a plus peur des enfants. Une sirène qui nage dans le lac en déployant son corps de tout son long. Je suis une amie qui lève son verre et les remplit. Une mécréante qui a réappris à prier. Quelqu’un qui aime la vie.
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