Quand les actions ne suivent pas les paroles
Par Mario Dufresne
« Je suis très heureux qu’on signe aujourd’hui une déclaration commune sur la langue française, qui rappelle l’engagement de nos deux gouvernements à défendre la langue française et son rayonnement partout dans le monde, notamment en Amérique du Nord, où les francophones sont très minoritaires. Le Québec, comme seul État francophone sur le continent, a une responsabilité particulière de défendre le français. Je suis très heureux qu’on ait l’appui de la France dans cette mission-là, qui est existentielle pour les Québécois. »
Non, ce n’est pas un extrait d’un discours de René Lévesque, mais bien de François Legault, lors d’une déclaration commune avec son homologue français, Gabriel Attal, prononcée pas plus tard que le 12 avril de cette année.
On ne risquerait plus d’assister à la « louisianisation du Québec », comme l’avait craint ce même monsieur Legault. Et bien sûr, on était en droit d’espérer que la francisation des personnes immigrantes serait au cœur des priorités du gouvernement.
Or, quelques jours plus tard, le 15 avril,le rapport annuel 2023-2024 du commissaire à la langue française, Benoît Dubreuil, nous apprenait que la moitié des inscrits n’avaient toujours pas amorcé leur parcours d’apprentissage du français.
Puis,le 13 septembre, le ministre Jean-François Roberge annonce la fin de l’aide financière de 28 $ par jour qui était offerte par le gouvernement afin d’aider les personnes qui n’ont pas la flexibilité financière pour soutenir leur famille tout en suivant des cours de français.
En octobre, les Centres de services scolaires (CSS) se voient contraints de diminuer les classes de francisation, faute d’un budget convenable.
Et en finale, en novembre, on ne parlera plus de diminution, mais bien d’arrêt complet.
Concrètement ce que cela veut dire pour les deux CSS dans la région desservie par Le Cantonnier, pour le CSS des Appalaches, c’est 168 élèves et 8 enseignant.es qui seront touchés puisque, comme le mentionnait un communiqué émanant du Service des communications, « Tous les cours offerts à la clientèle inscrite en francisation au Centre d’éducation des adultes L’Escale prendront fin le 15 novembre prochain. » Toutefois, le personnel affecté par la fin du programme se verra offrir d’autres opportunités, peut-on lire dans le même communiqué.
Quant au CSS des Hauts-Cantons (CSSHC), à l’instar de plusieurs,on espérait « des sommes pour continuer d’offrir le service », mais le couperet est tombé le 31 octobre.Ce ne sera pas le cas.
Ainsi, le 22 novembre,274 élèves à temps partiel répartis sur 13 groupes dans les trois secteurs géographiques desservis par le CSSHC qui y étaient inscrits, à Lac-Mégantic, Coaticook et East Angus,ne pourront plus bénéficier des services de francisation et 13 enseignant-e-s seront touchés par ces coupures, et seulement quatre qui étaient à contrat seront relocalisés.
Comme si l’apprentissage de la langue française devait être sacrifiée sur l’autel de l’équilibre budgétaire.
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