L’art urbain fait partie du paysage de nombreuses cités et certaines sculptures ou installations sont signés par d’illustres créateurs. Chicago, New-York, Montréal s’enorgueillissent de ces œuvres publiques offertes au regard de tous les passants. Quant aux villes européennes, on n’en parle même pas. L’art urbain n’est pas seulement une esthétique poétique qui s’acoquine à une esthétique bétonnière, mais mieux encore un espace où chacun peut s’infiltrer, s’approprier une part de rêve le temps d’un regard, d’une lecture… et être heureux.
Quel ne fut pas mon étonnement et ma joie de découvrir au hasard d’une marche la murale de Jacques Rancourt, intitulée tout simplement « Forêt », recouvrant la vitrine de l’ancien IGA sur la rue Champoux. L’œuvre, comme de raison, plaira à certains et déplaira à d’autres. Mais ce n’est pas ça l’important. L’important c’est que Disraeli a donné une place à de la Beauté, donné la parole à un créateur. Et je félicite tous ceux et celles qui, de près ou de loin, ont participé à cette initiative.
Dès lors, l’incorrigible curieuse que je suis a voulu en savoir plus. Je suis donc allée rencontrer Jacques Rancourt chez lui, un beau matin de novembre. Il m’a accueillie chaleureusement, le petit chien dormant sous la table, la jeune minette en plein délire avec son bouchon de plastique. Il m’a fait écouter une version du poème « La mort de l’ours », de Félix Leclerc, adjacente à la murale, interprétée par Michel Rivard. Un texte magnifique. Qui fait rêver et réfléchir.
Contemporanéité et rusticité
Dans l’itinéraire de cette aventure, il y a d’abord la suggestion de la forêt car « la ville de Disraeli s’est développée avec les travailleurs forestiers au début, début. », rappelle Jacques Rancourt. Puis vient en continuité logique l’esprit des quatre saisons ; le tout traité de manière contemporaine. « Je travaille plus dans l’abstrait que dans le figuratif, j’aime les applications, les surexpositions, tout ça. », élabore l’artiste.
De plus, comme ce créateur a longtemps travaillé pour le théâtre, les grandes surfaces ne l’effraient pas. Ainsi quand est venu le temps d’occuper cet espace, Jacques Rancourt était prêt. Il aime travailler les contraires, c’est pourquoi il a ajouté de petites pièces en métal en travers des planches de bois pour casser la verticalité et ainsi créer une ondulation dans l’œuvre, qui se marie avec le texte.
Voilà donc l’illustration concluante d’un heureux partenariat entre la Ville de Disraeli et Martin Gagnon, propriétaire du IGA, ce dernier ayant généreusement contribué à faire de ce rêve une réalité.
Parlant de rêve, Jacques Rancourt imagine un atelier de création à l’intérieur de l’immense bâtiment vide dont sa murale orne maintenant la façade. Un espace qui serait ouvert à de multiples projets : sculpture, peinture, réparation de meubles, gros objets…
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