Par Marie-Andrée Brière
Pandémie et confinement nous affectent, mais il est un âge qui se démarque : « le vieil âge », mis en scène avec brio par Fernand Dansereau dans Le vieil âge et l’espérance, documentaire présenté en septembre dernier au Cinéma du lac. L’actualité a braqué le phare sur ces personnes très affectées par le coronavirus et il en ressort une image trouble, déformée, qui nous perturbe tous.
Frappés au cœur et au corps, les aînés s’éteignent regroupés dans des lieux de soins pris par surprise comme toute la société. Notre région a été jusqu’à maintenant relativement épargnée par ce raz-de-marée, mais notre perception de la situation demeure, à raison, déformée. Fragilisée par l’âge, la personne aînée atteinte avec plus de virulence y risque sa vie. Si les personnes de plus de 70 ans sont à risque d’être gravement atteintes par le virus, elles n’en sont pas pour autant la source. Au Québec, ce sont des personnes venues de l’extérieur, soignants ou autres, qui ont transporté le virus dans nos maisons de soins et causé cette hécatombe.
Comme le rappelle Fernand Dansereau dans une entrevue accordée à La Presse Plus, ce ne sont que 17 % des personnes dites âgées qui se retrouvent en CHSLD au Québec. Mais, chez nous, qu’en est-il ? Sans tomber dans les chiffres, rappelons que, dans les MRC Les Appalaches et Le Granit, plus de 95 % des personnes de plus de 60 ans n’habitent pas en CHSLD, d’après les données de l’Institut de la statistique du Québec et du ministère de la Santé et des Services sociaux.
Le drame humain qui se vit nous affecte, crée un sentiment d’incertitude, et la crise actuelle accentue cruellement la solitude. Comment nous rassurer ? Comment garder au cœur notre sérénité, notre ouverture à l’autre ? Rappelons-nous que les aînés ne sont pas tous alités en CHSLD, bien au contraire : ils occupent tout le territoire, vivent à la maison, et aussi en résidence. Tous ne sont pas malades. Ils vaquent à leurs occupations, car, même en confinement, leur vie ne s’arrête pas ! Avant cette pandémie, nos aînés étaient au premier rang des bénévoles, toujours prêts à tendre la main et à prêter l’oreille.
Pour Fernand Dansereau, vieillir, c’est l’occasion de se poser, de s’arrêter pour mieux comprendre ce que nous avons vécu : « […] la vieillesse, c’est aussi une occasion pour essayer de devenir une meilleure personne… Je n’ai jamais autant appris que ces dernières années, comme si je passais à travers une deuxième adolescence afin de trouver une espèce de paix intérieure, malgré la souffrance et la finitude… ». Vu de cette façon, et au-delà des épithètes, le vieil âge, le grand âge, ne devient-il pas « l’âge grand », avec toute sa sagesse, son savoir, ses expériences ?
Affinons notre regard, faisons-nous aimants et rappelons-nous que la vie est faite de bouleversements et qu’il nous faut tendre vers l’espérance de jours meilleurs.
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