Le crieur, conteur, ébéniste et sculpteur

M. Jean-Lévis Bédard lors des cérémonies du 125e de Saint Fortunat. (Gracieuseté)

Hommage aux créateurs de Saint-Fortunat

Par Daniel Blaser

J’ai le plaisir de vous présenter l’homme de plusieurs talents, l’homme si bien enraciné dans la terre de Saint-Fortunat, M. Jean-Lévis Bédard.

C’est durant la tempête de neige qui provoqua la fermeture des chemins à Saint-Fortunat que Jean-Lévis vint au monde, le 31 mars 1956. En 1967, son père se vit obligé de quitter la ferme familiale, suivant l’exode en 1960 de dizaines de familles de Saint Fortunat.

Alors Jean-Lévis, jeune homme, s’exila à Montréal et à Victoriaville où il travailla en construction. Il alla également faire la cueillette du tabac en Ontario. Par la suite, il fut employé au Cégep de Victoriaville. Le soir, il suivait des cours à l’École du meuble en ébénisterie et en sculpture. En 1983, son professeur et directeur de l’école, voyant les talents de Jean-Lévis, présenta le meuble fabriqué par son élève, un secrétaire Madame, d’inspiration Louis XV, merveilleusement sculpté, au Salon des métiers d’arts à Québec.

Jean-Lévis n’a jamais cessé de rêver qu’un jour, il retournerait sur la ferme paternelle. Durant les années 80, il a prévenu la propriétaire de l’époque, Mlle Carole Samson, une étudiante de la Polytechnique de Montréal, que si un jour elle vendait la ferme, il serait acheteur. À la suite de la tuerie de la Polytechnique, le 21 décembre 1989, Mlle Samson a vendu la ferme à Jean-Lévis et à son épouse, Mme Rachel.

Lors des cérémonies du 125e de Saint Fortunat, le 18 août 1996, Jean-Lévis, vêtu d’un costume d’époque, a très bien joué le rôle de crieur, annonçant sur le perron de l’église l’encan des âmes.

Le retour à la terre familiale a ouvert largement la porte à l’inspiration, à la création et à la présentation des contes. Influencé par les événements de la Polytechnique, Jean-Lévis en fit un conte qu’il présenta une trentaine de fois dans des résidences de personnes âgées. A suivi un conte sur le monstre du lac Aylmer, rédigé avec l’aide de la Société historique de Disraeli, et raconté pendant les cérémonies du 150e de Disraeli. La piqure du conte venait bel et bien d’entrer dans sa peau.

Le propriétaire du Théâtre de la Gamacherie, M. Richard Gamache, s’est adressé à Jean-Lévis à l’occasion d’un concours d’expericonteurs qu’il organisait, pour qu’il conçoive et sculpte un trophée. Jean-Lévis s’y inscrivit et remporta le concours, et aussi le trophée.

Jean-Lévis nous dit que dans le conte, tout est permis. Le vent est beaucoup plus fort, la pluie beaucoup plus intense et froide, les ravins beaucoup plus creux, les couleurs sont plus belles, plus éclatantes, comme dans les rêves. Dans le conte, l’amour est plus fort que dans la vie.

Finalement, selon la tête de Jean-Lévis : « dans le conte, tout est vrai ».

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