En 1980, fraîchement arrivé dans la région, je me dirige vers la Banque Nationale de Disraeli, nécessités de la vie obligent. À cette époque, point de guichet clinquant, mais un long comptoir et puis, derrière, m’accueille un petit bout de femme au regard vif et bienveillant, au sourire chaleureux. Dans ce lieu froid, austère et mercantile, la chaleur humaine n’a pas de prix. Ce souvenir, pour moi impérissable, témoigne de l’ouverture et de l’attention aux autres qui habitait déjà la « Bénévole culturelle de Disraeli » pour l’année 2019.
Mme Colette Belleville Jolicoeur, née au New Hampshire à la mi-temps du siècle dernier, se retrouve bientôt à East-Hereford, où elle complète ses études primaires. C’est à Coaticook qu’elle terminera sa 5e année de secondaire. Elle complétera sa formation par divers diplômes et un certificat en administration de services. L’aînée d’une famille de dix enfants, Colette nous confie : « Dans ce temps-là, aider quelqu’un, c’était naturel, on ne parlait pas de bénévolat ; t’as besoin, on est là et c’est tout. On faisait notre linge à la maison, l’entraide était au cœur de la vie. » Elle se marie avec Yvon Jolicoeur en 1973 et de cette union naîtront deux filles : Majorie et Trycie. À la même époque, elle entre à la Banque Nationale et y travaillera 41 ans. Voilà : le décor d’une vie s’est installé.
Colette Belleville Jolicoeur est un tourbillon d’énergie. Elle a beau avoir une famille et un travail à plein temps, dès les années quatre-vingt elle donnera de son temps au club de natation Les Équinoxes de Thetford Mines, tout en étant marguillière à la paroisse Sainte-Luce de Disraeli. Puis, les Filles d’Isabelle bénéficieront de son expertise et la recruteront pour le secrétariat et la trésorerie. Est-ce suffisant ? Mais non. En 1995, le Comité culturel de Disraeli lui fait signe et, plus récemment, c’est l’AFEAS qui l’interpelle. Ouf ! Que de généreuses implications ! Vous croyez que c’est enfin tout ? Mais non, il lui reste encore du ressort pour le Cinéma du lac !
Alors, Colette, comment faites-vous ? « Je ne sais pas, je ne me pose pas cette question. L’important dans la vie pour moi, c’est les autres. Quand tu serres une personne âgée dans tes bras, la tendresse s’épanouit et c’est toi qui en sors si heureuse. » Cette phrase toute simple révèle tout le sens de sa vie. Pour Colette, quand on se tourne vers les autres, qu’on leur tend la main… c’est le bonheur qu’on peut voir dans leurs yeux qui apporte une grande satisfaction, qui réchauffe et ravive. En fait, son secret aura été la présence réconfortante de l’homme de sa vie, Yvon Jolicoeur. Ce maire de Disraeli pendant huit ans, Mme Colette l’aura accompagné partout, à la rencontre des gens, une grande famille élargie. « Un homme calme et réfléchi. Il m’a tout appris, m’a souvent conseillée, réconfortée », dira-t-elle.
Parfois passe une ombre dépressive,
Parfois la tristesse lessive.
Se tourner vers un joli cœur
Pour chasser les peurs.
La maladie ne l’aura pas épargnée. La paralysie de Bell s’est invitée dans sa vie pour y jeter une ombre insistante. Alors, elle n’en pourra que mieux réconforter ceux qui en seront affligés. Son souhait pour l’avenir ? « Demeurer active, c’est ça, la vie. Avoir assez de santé pour être capable de continuer à faire ce que je fais. » Enfin, oserait-on dire à temps perdu, Colette aime bien lire, tricoter, faire des mots croisés ou des casse-têtes et, bien sûr, cuisiner. Serait-ce là le secret d’une vie bien remplie, du bonheur trouvé en l’autre ? Chapeau, Madame Colette Belleville Jolicoeur !
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