Bien que le projet de restauration de l’église Sainte-Luce n’en soit qu’à ses débuts, son état préoccupant a convaincu les responsables de tenir une assemblée publique dans la soirée du 22 juin dernier afin d’informer donateurs et élus des récents développements. « C’était nécessaire pour répondre aux nombreux questionnements. »
L’absence de travailleurs au chantier à ce stade de l’été ainsi que des inquiétudes quant à la capacité financière de la fabrique à mener à terme le projet exigeaient une mise au point. À la suite d’une brève introduction par le président d’honneur Hugues Vaillancourt, trois intervenants ont successivement présenté un état de situation explicite.
Ressources pécuniaires
Ce ne sont pas les finances qui ne sont pas au rendez-vous, selon le court exposé du directeur de la campagne de sollicitation « La Grande Quête », Dave Morin. Jusqu’à maintenant, cette sollicitation, toujours vivante, des gens du milieu a créé une cagnotte s’élevant à près de 880 000 $, dépassant ainsi largement l’objectif de départ de 750 000 $, lequel s’avère la participation nécessaire du milieu (30 %) selon les règles du Programme visant la protection, la transmission et la mise en valeur du patrimoine culturel à caractère religieux du gouvernement du Québec. Plusieurs considèrent cette réussite comme un évident signe de l’attachement du milieu au temple qui sera centenaire dans quatre ans.
Situation actuelle
Le président intérimaire du conseil de la fabrique Saint-André-Bessette, Claude Gagnon, a rappelé les étapes du dossier depuis ses débuts en 2015 : réalisation du carnet de santé de l’édifice, création du comité de La Grande Quête et campagne de sollicitation populaire, mises à jour nombreuses du carnet de santé à la suite des révisions par diverses firmes d’architectes et, conséquemment, autant de hausses estimées des coûts de restauration se chiffrant maintenant à plus de 4 M$, ce qui dépasse largement l’estimation initiale de 2,5 M$.
Le président a par ailleurs révélé que le conseil avait envisagé toutes les options, à savoir la vente de l’édifice, sa démolition ou sa transformation, le rendant disponible à divers usages (multifonctionnalité). Toutefois, le conseil estime que Sainte-Luce doit demeurer le cœur de la fabrique regroupée et que l’étape primordiale de sécurisation du clocher en novembre prochain par une firme de Sherbrooke doit demeurer à l’agenda. De nombreuses discussions ont porté sur les meilleurs moyens de sécuriser le clocher cet automne.
« Le conseil régional rattaché au programme gouvernemental nous conseille de poursuivre en sachant que les travaux s’étaleront sur plusieurs années », de dire Claude Gagnon. Enfin, une demande de subvention appuyée par le député François Jacques sera adressée directement à la ministre de la Culture, Nathalie Roy, dès que les réparations au clocher seront complétées cet automne. Citation d’un intervenant : « Il faut prier… Pas d’argent, pas de projet ! »
Architecte
Selon le point de vue de l’architecte M. Rémi L. Petit, dont les services ont été retenus dans la réalisation de la restauration, « [i]l faut absolument conserver cette église. La structure est stable ; le bois et la ferblanterie sont en très bon état. La réfection ne touche pas tout le bâtiment et on ne peut pas accuser le milieu d’avoir négligé son église ».
L’expert recommande de réaliser un plan prévoyant quatre phases dans l’opération de remise à neuf. Étant donné que toute la façade avant de la bâtisse requiert prioritairement une intervention, la première phase consistera à s’attarder sur la partie haute : le retrait des deux clochetons et de la statue de sainte Luce, ainsi que l’ancrage de chacune des pierres de granit se situant au niveau de la chambre des cloches (ces dernières ont déjà été remisées au sol). Lors d’une inspection de la maçonnerie, l’architecte fut surpris de constater l’absence de crochets devant retenir chacun des blocs de granit à la structure. Pourtant, ce devis était stipulé dans les plans de la construction conçus par l’architecte Louis Audet en 1924-1925.
« La structure du clocher est tellement solide qu’elle facilitera la restauration. Les coûts afférents à cette étape sont estimés à environ 280 000 $ et il faut autoriser les préparatifs puisque nous avons déjà l’argent. » La deuxième phase s’attaquera vraisemblablement à la partie basse de la façade en 2022.
La démarche proposée par l’architecte Rémi L. Petit semble avoir rallié les responsables par son réalisme, sa clarté et son étalement sur plusieurs années.
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