Le Centre d’aide pour les hommes en difficulté

Le Centre d’aide pour les hommes en difficulté 

Par Ronald Martel

C’est bien connu, bon nombre d’hommes pensent qu’ils sont complètement imperméables à toute émotion… Ce dont on peut douter. Néanmoins, la vie a des aléas qui surprennent tout le monde.

Conscients des différentes difficultés vécues par les hommes et de l’absence de service spécialisé pour leur venir en aide, des hommes ont fondé, en 1994, « Partage au Masculin », dans la région de Chaudière-Appalaches. Plusieurs milliers d’hommes en ont profité depuis. Et n’est-ce pas encore plus nécessaire de nos jours, dans le contexte de la vie moderne ?

L’organisme, qui compte neuf points de service, désire mieux répondre aux besoins des hommes dans la portion Sud de Chaudière-Appalaches. C’est pourquoi il procède à l’ouverture d’un 10e point de service, à Disraeli même.

C’est l’intervenante psychosociale Julie Demers qui y recevra les hommes en difficultés du secteur, leur offrant des suivis généraux pour leur venir en aide, dans un local loué au Centre d’entraide de la région de Disraeli (CERD), 888 rue Saint-Antoine.

« La mission de Partage au Masculin, c’est de venir en aide aux hommes qui en font la demande. Les principaux services que nous offrons, ce sont des suivis individuels, des groupes de soutien aussi qui visent des thématiques particulières et des cafés-discussions. Il y aura un tel café à Disraeli. Les thèmes seront déterminés à l’avance. L’activité aura lieu chaque troisième mercredi du mois, en soirée, au CERD. Un lieu d’échanges d’homme à homme », décrit Julie Demers.

« Souvent, ce sont des hommes affectés par une rupture conjugale, vivant un isolement, un deuil, une perte d’emploi, ou d’autres situations difficiles de la vie. Cela leur amène parfois une perte d’estime de soi, des difficultés de communications, ou des problématiques avec leurs enfants. Il y a même des hommes victimes de violence conjugale », énumère la jeune femme détentrice d’un baccalauréat en travail social.

« Certains ont été abusés sexuellement durant leur enfance. Selon les statistiques disponibles, on estime qu’un homme sur six a subi au moins une agression sexuelle dans sa vie, et ces agressions laissent de nombreuses séquelles. Ce qu’on voit souvent, c’est que les hommes attentent très longtemps avant d’oser en parler, et ils consultent parfois pour les conséquences de ces abus, et non pour les abus en soi. Nous essayons de ne pas avoir de liste d’attente, pour répondre dans des délais raisonnables. »

Un témoignage bouleversant

Denis, un homme de 77 ans de Thetford Mines, connaît l’organisme depuis six ou sept ans. Il n’a vraiment que du bien à en dire.

« J’étais suivi par une psychologue qui m’a recommandé de faire appel à Partage au Masculin, car elle ne voyait aucune médication qui me conviendrait. À 22 ou 23 ans, j’avais des antidépresseurs qui ne fonctionnaient pas pour moi. Avec ma femme, le dialogue ne donnait rien, mon père me manquait, car je l’avais perdu à l’âge de 12 ans. J’étais l’aîné des enfants, je suis devenu le père de mes frères et sœurs, et même le conjoint de ma mère. J’étais le protecteur de cette famille-là et j’ai trouvé ça pénible. J’avais voulu aller me jeter dans le fleuve, le plus près de la mer pour que personne ne me retrouve. Mme Julie Demers m’a aidé à reprendre goût à la vie. Ce fut une chance pour moi de la rencontrer… J’avais perdu le contact avec la réalité. J’ai mis fin à mon mariage en 1989, j’ai été itinérant pendant trois mois à Thetford. Je suis maintenant capable de pardonner, mais je trouve la société malade. C’est l’amour le meilleur remède. Le Partage au Masculin, cela vaut de l’or, barre en barre, pour les hommes comme moi qui ne sont jamais écoutés… »