Le commerce de la glace à Disraeli

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La charrue à glace faisant la découpe des blocs.

Les chaudes journées de canicule de l’été ont obligé nos ancêtres, dès leur arrivée sur les rives du St-Laurent, à se trouver un moyen de conserver leur nourriture. Ils en vinrent à entreposer de la glace dans des enclaves souterraines pour la saison estivale. Leurs moyens de conservation se sont raffinés avec le temps si bien que vers la moitié de XIXe siècle est apparue la glacière; un imposant meuble de bois dans lequel on retrouvait, en haut, une section pour entreposer un morceau de glace et vers le bas, un espace pour conserver la nourriture au frais. Très tôt, beaucoup de foyers firent usage de ce moyen de conservation.

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Les ouvriers sortent les blocs de glace.

Disraeli avait toutes les conditions requises pour mener à bien la fabrication de la glace. On retrouvait un lac situé à proximité du village ainsi qu’un matériel essentiel à la conservation de la glace : la sciure de bois des moulins à scie situés à proximité de la voie ferrée et du lac. C’était un isolant peu dispendieux dont les trois moulins de l’époque ne savaient que faire, outre que de pousser les tas dans le lac. Vers 1910, on dénombre trois grandes glacières à Disraeli et au moins une privée pour la laiterie de M. Dominique Bernard. Au plus fort du travail, on engageait plus de 120 hommes et 30 paires de chevaux, à partir de la fin février jusqu’à la mi-mars. Des trois glacières, deux approvisionnaient en exclusivité la ville de Sherbrooke. L’autre desservait le marché local. Les murs étanches et très épais étaient remplis de bran de scie. La glace pouvait alors se conserver jusqu’à la fin de l’été.

L’arrivée des jours chauds faisait sortir le vendeur de glace qui circulait dans les rues du village deux fois la semaine. Les blocs de glace, d’une pesanteur d’environ 25 livres se vendaient 25¢. À Disraeli, dans les années 1950, le vendeur de glace était M. Arthur Poirier. Il parcourait les rues du village en voiture tirée par un cheval. L’électrification du territoire et l’invention du réfrigérateur par la Cie Frigidaire mirent fin à l ‘usage de la glacière et de la production de blocs de glace.

N.B. : M. Gérald Bernard de Disraeli possède encore les outils nécessaires à la récolte de la glace que faisait sa famille.

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La charrue à glace termine le travail commencé par le marker. Chacue de ses dents coupe environ ¼ de pouce de glace si bien qu’une charrue à huit dents coupe environ 2 pouces de glace chaque fois qu’elle passe le long des sillons.
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Les blocs sont débités et manipulés à l’aide d’un crochet à glace (A), d’une bêche à glace (B), d’un ciseau à glace (C) et d’une barre d’entaille à ergot (D). (Appleton’s Cyclopaedia of Applied Mechanics, vol.11, New York, 1883).

 

 

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La Laiterie Disraeli
Dominique Bernard, prop.

 

 

Guy Toupin
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