Par Jean Boilard
avec l’aide de Intelligence Artificielle
Dans les régions rurales du sud du Québec, l’accès à une eau potable saine reste un défi de taille pour de nombreux villages. Malgré les efforts déployés, plusieurs municipalités continuent de composer avec des problèmes récurrents de contamination de leurs sources d’eau, menaçant la santé et la qualité de vie de leurs résidents.
Des chiffres préoccupants
Selon les plus récentes données du ministère de l’Environnement, on dénombrait en 2022 pas moins de 47 avis d’ébullition ou de non-consommation de l’eau potable en vigueur dans des municipalités du sud du Québec, dont 12 en place depuis plus de 5 ans. Une situation d’autant plus alarmante que 35% des réseaux d’aqueduc municipaux de cette région ont été jugés à “risque élevé ou très élevé” de contamination.
Les causes de cette pollution sont multiples : infiltration d’eaux usées due à la vétusté des canalisations, ruissellement de pesticides et engrais chimiques des zones agricoles, rejets industriels, etc. Mais quelles qu’en soient les sources, les conséquences sont identiques pour les citoyens.
Courcelles, un village assoiffé
Dans la petite municipalité de Courcelles en Estrie, les 1200 résidents vivent sous une recommandation de ne pas consommer l’eau du robinet depuis août 2020 en raison d’une contamination au plomb. Une situation d’autant plus pénible que le problème perdure malgré les efforts déployés.
“On a fait purger le réseau, on a remplacé des conduites, mais les taux de plomb restent trop élevés dans certains secteurs”, déplore le maire Réal Boucher. “C’est un véritable casse-tête pour nos citoyens qui doivent tout acheter en bouteille pour boire, cuisiner, se laver.”
Au-delà des désagréments logistiques, c’est l’impact financier qui pèse lourd sur les familles. “Notre facture d’épicerie a grimpé d’au moins 100$ par mois depuis qu’on ne peut plus utiliser l’eau courante”, témoigne Sylvie Morin, mère de trois enfants.
Le secteur économique local paie également un lourd tribut. Les commerces comme les restaurants et l’hôtel du village ont vu leur achalandage chuter drastiquement. “Les gens ont peur d’être empoisonnés, alors ils évitent de venir ici”, se désole Gilles Roy, propriétaire d’un casse-croûte.
Shannon, une eau imbuvable depuis 15 ans
Dans le village de Shannon en Outaouais, les 6000 résidents subissent un avis d’ébullition de l’eau en vigueur depuis… 2007 ! Une situation pour le moins exceptionnelle, causée par des dépassements chroniques des normes pour les trihalométhanes, des sous-produits de désinfection potentiellement cancérigènes.
“On a essayé toutes les solutions possibles : changement des produits de traitement, rénovations d’usine, rinçage des conduites… Mais rien n’y fait, on n’arrive pas à régler le problème de façon durable”, se lamente le maire de Shannon, Jacques Giguère.
Pour les citoyens, cette eau impropre à la consommation représente un stress constant. “On doit toujours faire bouillir l’eau pour les bébés, se laver avec de l’eau embouteillée… C’est épuisant à la longue”, soupire Véronique Lachance, une jeune mère.
Outre les risques sanitaires, cette situation nuit aussi à l’attractivité économique du village selon des entrepreneurs locaux. “Les gens hésitent à venir s’installer ici quand ils apprennent pour l’eau contaminée. Ça nous fait perdre de potentiels résidents et investisseurs”, affirme Luc Séguin, promoteur immobilier.
Des solutions coûteuses et des progrès lents
Face à l’ampleur du problème, le gouvernement du Québec a débloqué des centaines de millions de dollars ces dernières années pour rénover les infrastructures vétustes et construire de nouvelles usines de traitement dans les municipalités aux prises avec une eau contaminée.
Mais sur le terrain, les progrès restent lents. À Courcelles, malgré plus de 5 millions $ investis, les travaux pour refaire l’ensemble du réseau d’aqueduc vétuste ne feront que commencer cet été. “On espère que ce sera enfin réglé d’ici 2 ans, mais ce n’est pas garanti”, soupire le maire.
À Shannon, un projet de nouvelle usine de traitement de 35 millions $ est sur la table depuis des années, mais tarde à se concrétiser faute de financement adéquat selon la municipalité. “On se fait promettre monts et merveilles, mais quand vient le temps de débloquer les fonds, c’est la croix et la bannière”, déplore le maire Giguère.
“C’est bien d’avoir de nouvelles infrastructures, mais il faut aussi les moyens de les entretenir et de former du personnel qualifié pour les faire fonctionner”, renchérit l’expert Éric Ducharme de l’Université de Montréal.
Un enjeu criant de justice environnementale
Au final, cette crise de l’eau reflète les profondes inégalités qui persistent en matière d’accès à des services essentiels, y compris dans une région prospère comme le sud du Québec. Les populations rurales et défavorisées continuent d’être frappées de plein fouet par un fléau qui serait inacceptable dans les grands centres urbains.
“On ne peut pas tolérer qu’il y ait des citoyens de seconde zone dans une société comme la nôtre en 2023”, tranche Éric Dewailly, directeur de l’Institut national de santé publique du Québec. “L’accès à l’eau potable est un droit humain fondamental qui doit être garanti pour tous, sans compromis.”
Alors que les changements climatiques risquent d’exacerber les stress sur les ressources hydriques, il devient urgent d’accélérer la cadence et de déployer des efforts concertés à tous les niveaux pour remédier à cette crise sanitaire et environnementale. Le Québec, riche de son eau douce, se doit d’être à la hauteur de ses engagements en la matière.
Écrit par Jean Boilard avec l’assistance de l’Intelligence artificiel.
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