Critique : Les fleurs oubliées

Par Gaëtane Therrien

Ce très beau film d’André Forcier regroupe toutes les valeurs qui lui sont chères, sa sensibilité écologique, économique et politique.

Albert Payette (Roy Dupuis), agronome désabusé et révolté de la machination des multinationales pour qui l’argent est la seule idéologie, ne désespère pas pour autant. Il s’est recyclé en apiculteur et fabrique de l’hydromel qu’il vend à des bourgeoises de la Rive-Sud.

Il vit en ermite sur son bateau. Une jeune journaliste, Lili (Juliette Gosselin), très conscientisée, vient le visiter avec son bébé de temps en temps. Elle mène avec ardeur une enquête sur les méfaits écologiques qui les entourent. Elle s’indigne des conditions de travail des Mexicains malmenés dans les champs de maïs, empoisonnés par les insecticides de Transgénia.

Et là, se produit un événement inouï, la réincarnation du Frère Marie-Victorin (Yves Jacques), magistral dans son rôle, complètement transformé. Il s’ennuie à mourir dans l’au-delà. De plus, il se soucie de la détérioration écologique de la planète. Il a même apporté des graines cosmiques qui peu après leur ensemencement produiront des fleurs psychédéliques.

Entretemps, Albert fera la rencontre d’une avocate idéaliste, Mathilde (Christine Beaulieu), qui tombera sous son charme et combattra à ses côtés.

Les acteurs jouent avec conviction. Roy Dupuis est criant de naturel et aussi authentique qu’à l’habituel. Yves Jacques est en symbiose totale avec son personnage, joué avec légèreté et candeur.

Les images sont remarquables, dotées d’une esthétique certaine, souvent fantaisiste et rafraîchissante. Règne une ambiance de couleurs mélodiques porteuses d’espoir doux. Parce que l’espoir est l’élément central du film, d’un réalisme nimbé de magie propre à André Forcier. Même le choix des couleurs des vêtements a été étudié avec soin. Ce film nous convie à une fête visuelle de tous les instants.

Un petit mot sur la première et la dernière scène. Première scène : Albert marche seul sur un rocher blanc longeant le fleuve bleu ciel. Dernière scène : même scène, cette fois-ci avec son amoureuse et le bébé. Est-ce le symbole d’une communauté naissante plus écologique et humaine ?

C’est du grand André Forcier avec son imagination débordante, voire débridée. Merci au Cinéma du lac de nous avoir présenté ce film.

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