L’Humeur buissonnière

Photo et texte d’introduction, Lou Babin, Saint-Jacques-le-Majeur (Gracieuseté)

 

J’ai déjà relaté en ces pages certains de ces repas auxquels j’ai participé chez Lou et Luc, assaisonnés de paroles, de musiques et d’ivresses, mais ai-je vraiment réussi à transmettre la joie profonde que je ressentais ces soirs-là ? Je veux dire plus près de la grâce que du divertissement, plus près de la bonté que de l’indifférence, plus près de l’autre que de soi.

Je connais Lou depuis longtemps déjà. Lou, pour moi, est une icône, tout le contraire cependant de quelqu’un d’inaccessible, une femme qui offre de la beauté, en plus du temps, de l’effort, du talent intrinsèques à cette élégance de vivre. Lou habite tout ce qu’elle fait. Elle habite les enfants qu’elle chérit. Elle a mis au monde un être magnifiquement beau et complexe, elle a mis au monde des tas d’enfants, des « enfants forts », qui font résonner la musique, rêvent et bâtissent un monde meilleur. Elle donne à penser et à croire que cet espoir n’est pas naïveté, que le cynisme et l’individualisme n’auront qu’un temps, et que grâce au parfum des fleurs, on respirera un air plus sain et serein.

Vous avez peut-être entendu parler de cette exposition de photographies dédiées aux gens de Disraeli qui se tiendra bientôt au musée McCord Stewart à Montréal. Des photos prises dans les années 1970, certains d’entre nous étaient les adolescents de ce temps-là. Rêvant aussi d’un monde meilleur.

Il est en perpétuelle mutation le monde, mais pas indestructible, en perpétuel mouvement le monde, mais pas inébranlable, en perpétuelle renaissance le monde, mais pas inépuisable.

En feuilletant le dernier numéro de la revue Nature sauvage, je suis tombée sur un entretien de Pierre Bonneau avec le peintre naturaliste Robert Bateman, qui s’accorde avec les espoirs de Lou et se termine ainsi : «Que répondez-vous à ceux et celles qui sont convaincus que l’avenir du monde naturel est sans espoir?», interroge le journaliste. Sa voix, qui s’était quelque peu abaissée dans les minutes précédentes, se redresse comme piquée au vif : «Oh non! s’exclame-t-il, loin de là! Évidemment, il y a une foule d’endroits où l’humain a tout détruit et y a perdu son âme du même coup. Malgré tout en ces lieux dévastés, des gens travaillent à faire revivre la nature et, avec elle, une certaine humanité. Je ne peux penser à un seul endroit sur Terre d’où l’espoir a complètement disparu».

Dyane Raymond
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