L’année dernière, gentil Boris, le bouledogue français de nos amis Lucie et Laurent, avait tout mangé les cassis. Il se régalait, semble-t-il, et je le comprends, ces petites baies sont irrésistiblement parfumées ; de plus, le buisson était juste à sa hauteur, comment lui reprocher. Cette année, j’ai été plus rapide – désolée Boris – et les ai ramassés, mûrs à point les cassis, pour en faire deux petits pots de coulis. J’en ai gardé un pour moi (charité bien ordonnée…), et j’ai apporté l’autre à mes amis Christiane et Benoît quand je suis allée souper chez eux l’autre soir. Benoît, pour l’occasion (laquelle déjà ?) avait débouché un sancerre bio du Domaine Fouassier, cuvée Les Grous 2018. Je ne perdais pas au change, loin s’en faut.
Vous ai-je déjà confié que je suis amatrice de bons vins ? Mes anciennes collègues me considéraient comme une épicurienne, oui, il y a sans doute un peu de ça aussi. Mais dans le vin comme dans la nourriture, même s’il y a l’ivresse et la satiété, il y a surtout le plaisir et l’attention portés à la production, la transformation des fruits et des légumes qui nous nourrissent, nous ravissent. C’est ça pour moi qui fait une différence. La vivante délicatesse du raisin, du cassis, d’une framboise, d’une feuille de salade. J’exagère ? Pas du tout. Toute personne cultivant son jardin connaît la valeur -et la saveur ! – d’une tomate fraîchement cueillie.
Après, et même pendant la pandémie, on a insisté sur l’importance de « s’approvisionner localement ». Le jour où on aura compris ça, on aura fait un petit pas pour la terre et un grand pas pour l’humanité.
Nous sommes des sociétés d’abondance, c’est triste quand on y pense, une telle chance.
La semaine dernière, j’ai dîné avec Mario, mon ancien patron d’un autre temps. Il m’a offert un plein sac de chanterelles et de champignons homard, qu’il avait ramassés et que j’ai cuisinés et dégustés le soir même, accompagnés d’un verre de soave joli. Et là j’ai pensé que la beauté, et la bonté de l’existence se trouvent dans ces gestes-là, de dons et de contentements.
Après souper, j’ai dansé toute seule dans ma cuisine en lui dédiant ma joie, qui était un hymne à la vie.
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