L’Humeur buissonnière

Je vais vous parler d’un livre que j’ai aimé. Jusque-là rien de vraiment spécial dans l’affaire. Je vais vous parler d’un roman que j’ai aimé et où il est, entre autres, question de Dieu. Vous dire que dans ce livre, j’ai aimé Dieu. Parce que pour une fois, je Le comprenais. Parce que pour une fois, Il existait et n’existait pas. Parce que pour une fois, Il était parfois ramené à hauteur humaine, là où il fallait, et où il ne fallait pas. Parce que dans ce livre, il n’y avait pas de diable, mais beaucoup d’hommes méchants, et que Lui-même parfois y perdait son latin. Parce que la vie, Il avait l’air de la subir autant que le commun des mortels, même si, en principe, Il n’a pas à chercher à comprendre l’existence puisqu’Il est omnipotent et omniscient.

Dieu, le temps, les hommes et les anges, un roman d’Olga Tokarczuk Photo par Dyane Raymond

Ce livre parle d’un petit peuple rempli de petites, mais surtout de grandes misères aussi triviales que peut être l’indigence, dans la vraie vie comme dans l’art. La romancière : une Polonaise nommée Olga Tokarczuk, prix Nobel de littérature en 2018. Dans ma boulimie de lecture, je n’ai pas souvent rencontré une œuvre aussi singulière. Les voies de la littérature sont vastes et quasi infinies bien sûr, un peu comme les voies du Seigneur, lesquelles, nous enseignait-on dans mon enfance, sont impénétrables. Contrairement à ce roman où on entre de plain-pied, dans un village, dans une guerre (deux en fait), dans une forêt, dans un moulin, dans la vie et le destin de paysans, de châtelains, de vagabondes, de soldats, d’esprits, d’idées, d’arbres, de fleurs, etc. De mon point de vue, l’élégance de ce texte se situe dans la complexité d’une forme en apparence simple, d’une sobriété volontaire. Un roman composé de multiples paradoxes, dont celui d’être en même temps implacable, dur, sombre, et néanmoins pur, presque éthéré. Un roman qui se lit bien, facilement, comme un conte, et qui subrepticement insinuait en moi une autre humanité, une autre clarté. Ou peut-être que la virtuosité de cette auteure est qu’elle réussit à conjuguer roman, conte et poésie dans un même texte ; avec sur la terre comme au ciel des personnages bien réels.

Si jamais ça vous tente…

Dyane Raymond
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