Le théâtre amateur a fait son apparition à Disraeli dès les débuts des années 1900. Si l’on fait exception des quelques manifestations théâtrales probablement présentées dans la grande salle de l’Hôtel Rousseau entre 1905 et 1911, la première troupe connue voit le jour vers 1920 grâce à l’initiative de M. Alphonse Lapointe et de son épouse Marie-Louise Poulin; les parents de la sénatrice Renaude Lapointe. M. Lapointe fut aussi co-fondateur de l’Harmonie de Disraeli. La sénatrice avait l’habitude de dire que deux passions animaient ses parents : le théâtre et la musique. Disraeli en a bénéficié. À cette époque, les pièces de théâtre, tirées du répertoire patriotique ou religieux français, étaient jouées à la salle Jacques-Cartier, située sur l’emplacement de l’actuel hôtel de ville et attiraient beaucoup de monde puisque les distractions étaient peu nombreuses en ce début de siècle. Il se pourrait que le départ de la famille Lapointe pour Québec, en 1930, ait mis fin à cette première véritable expérience théâtrale. Il convient de préciser cependant, qu’à la même époque, au couvent Sainte-Luce et à l’école Gérard-Raymond, le théâtre amateur était à l’honneur et les étudiants présentaient d’intéressantes pièces à chaque année.
À la fin de la guerre, en 1945, l’abbé Robert Tardif, vicaire à Disraeli de 1944 à 1948, avait fondé une troupe de théâtre appelée « les Compagnons de Ste-Luce », une vraisemblable imitation des Compagnons de St-Laurent (1937-1952) du Père Émile Legault qui avait permis a des acteurs de grande réputation comme Jean Coutu, Guy Provost, Jean Gascon, Hélène Loiselle, Félix Leclerc, Jean-Louis Roux, Jean Duceppe etc. de se produire à Radio-Canada et d’agrémenter les ‘Beaux Dimanches’ de toute une génération. Les Compagnons de Ste-Luce regroupaient des amateurs de théâtre de tous âges et montaient annuellement, sous l’égide de l’abbé Tardif, une pièce de théâtre sélectionnée parmi les auteurs à la mode de l’époque. Les représentations avaient habituellement lieu au Cinéma Couture, sur la rue Hamel. Le départ de l’abbé Tardif de Disraeli, en 1948, a probablement marqué la fin des Compagnons de Ste-Luce et du théâtre amateur pour plusieurs années.
Il faudra attendre en 1975 pour qu’un autre groupe de jeunes comédiens et comédiennes, sous la conduite de Mmes Jocelyne Laflamme et Nicole Villard, fonde le Théâtre de la Grande Tablée. Les pièces étaient choisies dans le répertoire des auteurs québécois contemporains comme ce fut le cas des ‘Belles Sœurs’ de Michel Tremblay jouée à l’auditorium de l’École Polyvalente de Disraeli en 1980 et qui connut un grand succès auprès de la population locale. En 2016, la troupe est toujours vivante et se prépare à jouer la pièce ‘Bébé à bord’ de Claude Montminy, les 8 et 9 avril au Centre J-N-Plante de Disraeli. Ce sera l’occasion de renouer avec cette longue tradition théâtrale qui a toujours existé chez nous. Il y a encore de grands talents à Disraeli qui méritent d’être appréciés.
- Retour dans le passé - 21 décembre 2023
- M. Adélard Lehoux : homme d’affaires, constructeur, commerçant de bois - 26 octobre 2023
- M. René Lavoie, dernier député du comté de Wolfe - 31 août 2023