L’Humeur buissonnière

(Photo par Dyane Raymond)

À l’ère du jetable après usage, du tout à 1 $ qui vaut pas cinq cents et du made in China semé à tout vent, il est rassurant de savoir que la satisfaction et le souci du travail bien fait et durable existent toujours. On se dit que chacun fait de son mieux dans ses tâches quotidiennes et, la plupart du temps, prend à cœur de bien faire son ouvrage, quel qu’en soit la nature.

Toutefois, ce qu’on nomme familièrement artisanat aujourd’hui représente davantage pour moi un art de vivre, non pas au sens snob de m’as-tu-vu, ou de ce qui s’exhibe comme un étalage à la mode du jour ; mais plutôt au sens noble du terme, c’est-à-dire, comme la somme d’un travail réalisé avec amour pour rendre la vie plus belle et plus facile, dans la simplicité et dans l’élégance du geste et de l’objet.

J’en veux pour preuve les tissages de Dolores, par exemple. Remis cent fois sur le métier. Qui sont doux, originaux, résistants. Qui sont créés avec passion, ce qu’elle nomme « passe-temps », les yeux plissés de plaisir.

Je pars bientôt « dans les Europes » visiter une vieille amie et me demandais quoi lui apporter qui soit à la fois caractéristique de chez nous, pratique et attrayant ‒ hormis l’incontournable sirop d’érable bien entendu. Finalement, des beaux linges à vaisselle, on n’en a jamais de trop, comme dirait mon amie Renelle. J’ai alors pensé à cette voisine près de chez nous, que je ne connaissais toujours pas après tout ce temps à vivre au village.

Ainsi, par un beau dimanche matin, me voilà donc partie avec mon chéri pour rencontrer Dolores, qui nous attendait et nous a généreusement ouvert les portes de son atelier pour nous faire découvrir ses trésors : catalognes, tapis, serviettes, linges, etc. Certaines pièces sont réalisées chez elle sur ses métiers fabriqués maison, et d’autres ont été tissées au Cercle des fermières de Saint-Julien, expliquait-elle. Après, ben, on a jasé, de la famille, de la vie, du monde qui tourne bizarrement des fois, etc.

En partant, j’avais les bras chargés de mes précieux cadeaux, ravie de ma bonne idée. Dolores sur sa galerie, agitait sa main de tisserande en guise d’au revoir. Et moi je savais qu’entre les mailles de ses fils, j’emportais aussi son beau sourire à offrir en partage à mon amie.

Dyane Raymond
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