Chronique de vie nos vies, nos histoires : Apprendre

Danielle Perrault (Par Michel-Elie Tremblay)

Chronique de vie nos vies, nos histoires

Par Danielle Perrault

L’été s’achève ainsi que les vacances pour nombre d’entre nous. Je vous présente l’histoire d’une petite fille de 9 ans, Sophie. Son cerveau est dysphasique. Ce trouble neurologique affecte le langage et la communication. Je compare souvent ce trouble avec l’apprentissage de la conduite entre une auto manuelle et une automatique. Ce que les enfants apprennent normalement de façon naturelle exige de nombreux et de constants efforts en ce qui la concerne.

Sophie est en quatrième année. Elle ne fait plus confiance à ses amies. Elle voudrait bien les éviter, mais c’est impossible, car elles sont dans la même salle de classe. Par ailleurs, ses autres camarades l’aiment. Elle est vraiment perturbée.

Une de ses copines lui a récemment refilé les réponses pendant un examen. Elle les a prises même si elle n’en voulait pas. Elle ne sait pas comment leur expliquer combien ce geste la frustre. Je dis leur, car ses amies font toutes front commun : elles veulent qu’elle réussisse.

Sophie est plongée dans un dilemme. Elle voit bien que les filles font ça par gentillesse et elle veut rester leur amie. Du reste, elle a constaté que les réponses qu’on lui a fournies au dernier examen n’étaient pas toutes exactes, elle pense même qu’elle aurait peut-être mieux réussi sans cela, mais la difficulté n’est pas là. Ce qu’elle veut, c’est commettre des fautes. Ses compagnes ne la comprennent pas.

L’autre jour par exemple, j’ai eu trente-cinq fautes dans ma dictée, me dit-elle. Ma feuille de correction était presque toute rouge. Mes amies avaient l’air tristes pour moi. Mais moi, j’étais contente ! C’est dans ce temps-là que je comprends. Je prends ma feuille toute rouge et je repasse sur chaque erreur. Après, je ne les fais plus. C’est comme ça qu’il apprend mon cerveau. J’aime ça les erreurs, moi, elles me permettent d’apprendre et ma mère est d’accord. Elle ne me dispute pas.

Et si tu expliquais à tes amies ce que tu viens de me dire, tu crois qu’elles accepteraient de rester amies avec toi ? Après tout, je ne vois aucun mal à vouloir apprendre de cette façon. Tu pourrais les remercier de leur intention et leur expliquer la tienne. Qu’en penses-tu ?

Personne ne veut se tromper. Cela attire la raillerie et soulève notre propre honte. Nous aimons mieux nous taire que de risquer l’humiliation. Mais quand on accepte, alors on se met à apprendre beaucoup plus aisément.

Apprendre de ses erreurs est une chose, mais les aimer c’est vraiment libérateur. Et si on se donnait la permission d’apprendre en commettant des erreurs ? Que de souffrances nous seraient épargnées !

Danielle Perrault est psychologue et autrice de plusieurs contes thérapeutiques, des livres «Guérir de son histoire» et «Une histoire, ça se guérit» et de 10 balados sur la santé mentale «À l’écoute de soi» accessibles sur le net.

 

 

 

 

 

 

 

 

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