Coupeurs de glace

Coupeurs de glace

par Carol St-Laurent

Nos frigidaires et nos congélateurs n’ont pas toujours existé. L’être humain a su tirer de la nature une façon de prolonger la vie de ses aliments particulièrement en été. Autant dans les villes que dans les campagnes, les coupeurs de glace occupaient une place importante.

Ceux-ci sont des hommes qui se rendent sur les cours d’eau gelés afin de couper des blocs de glace. C’est un métier difficile et exigeant. Le Quotidien de Lévis écrit le 8 février 1895 : «Le froid n’a pas interrompu le travail des coupeurs de glace hier. Quelques-uns avaient leurs vêtements tellement gelés qu’on a été obligé de les ramener en voiture.»

Avant de commencer la coupe de la glace, les travailleurs doivent s’assurer que l’épaisseur de celle-ci mesure au moins 50 centimètres afin de supporter le poids des hommes et des chevaux. La plus grande entreprise de ce genre à Beaulac-Garthby était celle de M. Roche. Il possédait un moulin à scie qui fonctionnait pendant trois saisons. L’hiver, les employés se rendaient travailler dans les chantiers ou ils pouvaient devenir coupeurs de glace.

Dans le journal le Pionnier du jeudi 3 avril 1890, on peut lire ce qui suit :

«Garthby – L’activité qui règne dans notre village est vraiment incroyable, l’extraction de la glace sur le lac Aylmer se poursuit toujours sur une vaste échelle. Un entrepôt nouveau vient d’être construit, le premier étant déjà presque rempli. Les travaux se poursuivent sans interruption le jour et la nuit, une centaine d’hommes et quinze chevaux sont employés. Huit mille tonnes sont emmagasinées dans deux immenses glacières. On a payé des gages depuis un dollar par jour en montant. Vers la fin, nous avons eu à déplorer une grève montée par trois ou quatre individus qui a beaucoup nui à M. Roche parce que les travaux ont été suspendus pendant trois jours de froid. Nos meneurs ont monté ce coup en faisant croire aux travailleurs qu’ils ne seraient pas payés. M. Jos Lapointe, maire de Garthby, a fait venir des hommes d’ailleurs pour remplacer ceux qui se sont mis en grève.»

Une fois coupés, les blocs de glace étaient sortis de l’eau à l’aide d’un instrument muni d’un crochet : une gaffe ou de grosses pinces. Ensuite, les travailleurs les disposaient sur un traîneau tiré par un ou deux chevaux afin d’aller les entreposer dans une fosse ou dans un hangar destiné à cet effet. Les blocs étaient recouverts d’une couche de bran de scie afin de les empêcher de se solidifier entre eux, et aussi pour les conserver le plus longtemps possible durant l’été.

Les temps ont bien changé depuis.

Carole Lebrun
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