Du bon usage de la liberté
Par Dyane Raymond
Certains ont cru la revendiquer en modifiant outrageusement son orthographe, ne réussissant ainsi qu’à rendre publique leur intrinsèque vulgarité.
Au premier jour de ma retraite, ce n’est pas le vertige du vide qui m’a assaillie, mais bien son inestimable grandeur. Au sens de beauté, d’immensité… de liberté. Et si j’étais désormais libre de mon temps et de mon espace, je n’en étais pas moins responsable et redevable de cette liberté dont nous avons, en ce pays, le privilège de jouir. Ce qui n’est pas donné à tout le monde. Ce qui n’est pas donné tout court. Car bien sûr, la liberté n’est jamais individuelle, impliquant l’autre dans chacun de nos gestes, ou non-gestes, le voisin comme l’inconnu, le prochain ou le lointain. N’est jamais un dû, car la liberté de toutes et de chacun met en lumière, plus que n’importe quoi d’autre, l’élégance des uns ou la trivialité des autres. Qu’on le veuille ou non, nous ne sommes pas seuls; cela les bénévoles du Cantonnier et des groupes communautaires de notre région et d’ailleurs le savent depuis longtemps. Qu’on le veuille ou non, nos agirs, même s’ils paraissent dérisoires ou insignifiants, ont un impact immédiat et pérenne dans notre entourage et notre environnement. Bien que consciente que le soin que je porte à composter mes aliments ou à trier ‒ conséquemment ‒ les matières recyclables, par exemple, ne représente qu’une goutte d’eau dans l’océan, j’ai l’humble sentiment que cela contribue aussi à rendre ce monde un tout petit peu meilleur.
Je ne suis pas celle des discours, des poings levés ou des grandes causes, mais je veux garder ma foi, comme l’enseignait Hubert Reeves, dans le possible d’une beauté humaine, d’une nature généreuse et profonde, d’un monde vaste et affranchi. Et pour ce faire, la liste de mes devoirs est longue, s’accordant ainsi à cette grave et incontournable responsabilité que j’ai, avant ma propre liberté, de celle de l’autre. Car oui, la mienne commence quand celle de l’autre s’accomplit, quand je l’aurai aidé à y accéder, en lui tendant, non pas l’autre joue, si ce n’est pour un baiser, mais une main amie.
Ne nous méprenons pas, même au fond du rang, ou toute seule sur mon île, mon existence a un poids social et politique. Prendre soin de sa santé, par exemple, n’est pas une question de confort individuel, c’est être là au mieux et le plus longtemps possible pour son aimé(e), ses proches; c’est laisser une chance à plus mal en point que soi d’accéder à des soins dans un système de santé déjà bien précaire; c’est, comme le veut l’adage, un esprit sain dans un corps sain, dans le respect, de soi et de l’autre; des exemples comme ça, y’en a des dizaines, chacun d’entre vous pourrait proposer le sien qu’on n’en verrait pas le bout.
Bon, à part ça, c’est bientôt le temps d’aller voter; on se croisera peut-être…
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